Supaï!
Jour 14 : Samedi
Étienne et Lucas sont à Karatu et courent de tout bord tout côté avec notre partenaire Arpakwa pour passer les nouvelles commandes de matériaux, pour payer les fournisseurs et pour faire une épicerie complète pour notre nouvelle maison. Pendant ce temps, Agathe, Audrey, Charles et Mathieu sont au chantier et s’occupent de placer les grosses roches en vue de la première coulée de béton des dalles de classe. Ce travail un peu moins physique rappelant un casse-tête nous a permis d’échanger avec les fundis (employés). Nous leur avons appris des mots en français, tels que « merci beaucoup », et ils nous ont appris « nina mguvu » qui signifie « je suis fort » en swahili. Audrey a essayé de leur montrer ce qu’était le hockey, mais je crois qu’ils pensent qu’on joue au cricket au Canada. Oupsi. La journée de chantier s’est terminée bien tôt, car il nous manquait des matériaux. En après-midi, nous avons profité du congé pour terminer notre installation dans notre maison. Tables de nuit, étagères chambranlantes et crochets en clous, nous avons maintenant tout ce qui faut pour enfin défaire nos bagages et ranger nos sacs sous le lit!
Jour 15 : Dimanche
Jour de congé, mais certainement pas jour de repos ! Nous avons profité de ce beau dimanche pour faire une randonnée au mont Lolmalasin, soit le troisième plus haut mont de la Tanzanie. Lengai, le chef du village, a été notre guide pour la journée. Dix sandwiches aux œufs ou aux patates, sept personnes, quatre sacs à dos, trois caméras, deux bâtons de bergers et une lance plus tard, nous étions fin prêts à nous entasser sur deux banquettes pour une « ride de char » bien mouvementée ! Avant de prendre la direction de la montagne, nous devions arrêter mettre de l’essence. La station d’essence à Nainokanoka est très originale : il faut se rendre au village voisin, s’arrêter entre deux bomas (maisons typiques maasaï) et attendre qu’un maasaï ramène de sa maison un bidon d’essence. Toute une expérience ! Avec ce petit (assez long) détour, nous sommes arrivés bien tard au pied de la montagne. Nous n’avons pas pu nous rendre au top du mont Lolmalasin, car il aurait fait nuit à notre retour et c’est trop dangereux de se promener la nuit en raison des animaux sauvages qui sortent pour chasser. À notre retour à Nainokanoka, en direction de l’église où nous allions souper, Mathieu était au volant et a décidé de prendre un chemin bouetteux. Vous savez bien où je veux en venir… Nous sommes restés pris ! Mathieu n’arrivait pas à nous en sortir, alors Étienne a dû prendre sa place. Agathe, Audrey et Charles, assis sur la banquette arrière, aidaient en faisant balancer la voiture vers l’avant. Nous avons finalement réussi à sortir du trou de bouette. Après le souper, Mathieu a choisi un autre chemin pour retourner à la maison, à la déception de tous.
Jours 16-21 : Troisième semaine de chantier !
Durant ces six jours de chantier, nous avons terminé les fondations de la cafétéria et avons coulé les dalles des trois classes, du bureau administratif et de la cuisine.
Le début de la semaine a commencé avec plusieurs embuches et péripéties. En arrivant au chantier lundi matin, nous avons eu la mauvaise nouvelle que le lorry (camion de transport) qui était censé arrivé durant la nuit venait tout juste de quitter la porte d’entrée du Ngorongoro. Nous devions donc attendre au moins trois heures avant de pouvoir débuter les travaux, car le lorry contenait des matériaux essentiels à la continuité du chantier, tel que le ciment utilisé dans le mélange de béton. Nous avons donc profité de ce moment d’attente pour mettre de l’ordre dans nos papiers et s’assurer qu’une telle situation ne se reproduirait plus. Jusqu’à maintenant, tous nos relevés (inventaire, finances, commandes de matériaux, etc.) se faisaient papier, ce qui était fonctionnel, mais plus le projet avance, plus nous avions des dépenses et nous avions peur de nous perdre dans nos papiers. Agathe et Audrey ont donc décidé de monter un fichier Excel regroupant le suivi des finances, les commandes de matériaux, le suivi des transports, les payes des employés et l’inventaire du magasin (endroit d’entreposage des matériaux sur le chantier). Durant ce temps, Mathieu finissait de mettre à jour le relevé papier des finances, et Charles et Étienne ont ordonné le magasiî, ce qui a permis à Étienne de faire un inventaire détaillé et rigoureux des matériaux que nous avions en notre possession.
Un peu plus tard en matinée, nous avons eu droit à une deuxième mauvaise nouvelle. Nos contremaîtres Andrea et Ema étaient pris à la porte d’entrée du Ngorongoro, car ils n’avaient pas les permis requis. Lucas et le père Denis ont dû se rendre à l’entrée dans l’espoir de régler le problème avec des lettres. Ils doivent être très prudent, car un faux pas et le Ngorongoro pourrait nous retirer notre permis de construction. Ils n’ont pas réussi à les faire entrer pour cette journée, alors nous avons dû nous débrouiller pour faire fonctionner le chantier sans eux, ce qui n’est pas toujours facile avec la barrière de la langue. Heureusement, nous commençons à bien connaître nos employés, alors il n’y a pas eu de problème.
Le reste de la semaine s’est déroulé majoritairement sans embuche. Ema a pu revenir au chantier le mercredi, tandis qu’Andrea est arrivé le jeudi. Malgré que le chantier ait bien avancé sans eux, nous étions bien contents qu’ils reviennent.
Durant toute la semaine, nous avons travaillé la logistique du projet. Une fois le document de suivi monté, nous devions le remplir. Nous avons fait l’estimé complet du projet avec l’argent que nous possédons pour déterminer si nous en aurons assez pour terminer le projet. Audrey, Lucas et Mathieu ont travaillé fort pour rentabiliser chaque sous disponible. Samedi, Audrey et Charles ont travaillé sur l’échéancier du projet afin de s’assurer de recevoir les matériaux nécessaires au bon moment. Après tout, c’est ça le travail du gestionnaire !
Le soir durant la semaine, nous aimons bien regarder des films ou des émissions tous emmitouflés dans des couvertures dans le lit de Lucas. Cette semaine, nous avons Avengers Endgame, Spiderman Far From Home et des épisodes de This Is Us. Parfois nous sommes tellement fatigués que nous écoutons en partie le film et le terminons le lendemain.
Une nouveauté aussi cette semaine, la cuisine de notre maison est enfin terminée ! Nous pouvons maintenant manger tous nos repas chez nous, et cesser d’envahir la salle à manger du père Denis.
Jour 22 : Dimanche
Jour de congé ! Les mzungu s’en vont à la messe. Puisque nous n’avions pas prévu d’excursions ce dimanche, nous avons décidé d’aller assister à la messe pour l’expérience. La plupart de nos employés sont croyants, et nous construisons l’école sur le terrain de l’église catholique, alors nous trouvions simplement respectueux de s’imprégner un peu plus de leur culture. C’était une expérience enrichissante, et tout le monde était bien content de nous y voir, mais nous avons tous décidé que ce serait notre dernière fois. Écouter une messe en Swahili durant trois heures de temps, c’est spécial mais pas trop souvent.
Jours 23-28 : Quatrième semaine de chantier !
Le lundi, nous avons coulé la dalle de béton de la cafétéria. Enfin nous avons terminé les fondations ! Trois lorry de briques sont arrivés durant la journée. Cinq milles briques et ce n’est même pas la moitié de notre commande. Puisque les briques sont beaucoup plus petites et légères que les blocs de béton, Agathe et Audrey étaient bien heureuses de pouvoir aider à porter pas une, mais au moins deux briques à la fois !
C’est mardi que nous avons débuté les murs de briques. Youpi, notre bâtiment commence enfin à ressembler à une école ! En une journée, nous avons monté les murs jusqu’au niveau des fenêtres sur presque deux classes complètes. Nous devrons peut-être revoir notre échéancier, car ça avance encore plus vite que ce que l’on pensait… Toutefois, c’est super, car on aimerait bien poser le toit avant la saison des pluies qui arrive à grand pas.
Mercredi, nous avons continué les murs de briques de la deuxième classe. En après-midi, il s’est mis à pleuvoir très fort, ce qui a fait arrêter le chantier. Une fois la pluie finie, nous nous sommes remis au travail et nous avons commencé l’assemblage de l’armature pour les colonnes des classes et de la cafétéria.
Jeudi était une journée assez spéciale : nous fêtions l’anniversaire d’Agathe! Tout le monde sur le chantier était au courant. Durant toute la journée, Lucas s’est trouvé des excuses pour ne pas être sur le chantier afin de préparer un gâteau dans la cuisine du presbytère avec l’aide d’Agnès, la cuisinière du père Denis. C’était délicieux! Un gâteau aux bananes avec confiture et crémage au chocolat. Un mélange de la recette d’Agnès et d’une invention de Lucas. Après avoir mangé le gâteau, les employés maasaï se sont mis à danser, car c’est la tradition lors d’une fête.
Vendredi et samedi, Agathe, Audrey et Lucas sont allés à Karatu pour faire l’épicerie pour les deux prochaines semaines, pour retirer de l’argent, pour payer les fournisseurs et pour publier ce blog. Quand ils rentreront à Nainokanoka, il y aura forcément beaucoup de changements, car Charles, Étienne et Mathieu sont restés et ont continué à monter les murs de briques avec les employés du chantier.
Sere!