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Semaine 11 et 12: Le début de la fin!

Jeudi 7, Vendredi 8 et samedi 9 novembre

Après un long périple de 8 heures, Lucas et Etienne sont arrivés à Arusha. Ils ont eu la chance d’expérimenter le transport local en prenant le dala-dala entre Karatu et Arusha. Serrés sur la banquette arrière, une chance que Lengai, chef du village de Nainokanoka, voyageait avec eux pour faire la traduction en Swahili. Pendant leur séjour à Arusha, ils sont restés à Lion Gate, l’auberge où l’équipe du PRECI avait déjà séjourné au mois d’août.

L’objectif de ce long trajet est de renouveler les visas des membres de l’équipe. Lucas ne voit pas de problème à se présenter devant les très sérieux officiers de l’immigration avec sa tenue Maasai incluant les accessoires comme le bâton maasai et une machette qu’il se fait évidemment confisquer à l’entrée. Les garçons repartent les mains vides car les officiers refusent de tamponner les passeports tant que les premiers visas ne sont pas expirés. C’est une grande déception car ce séjour coûte du temps et de l’argent, ils devront retourner à Arusha dans 2 semaines…

Malgré ce petit désagrément, les deux garçons rentabilisent leur temps à Arusha et rencontrent Emmanuel de l’entreprise SIDO, qui construit et acheminera le four de l’école jusqu’au village. Ils discutent également des modalités de l’ascension du Kilimandjaro avec Nelson. La nuit tombée, Lucas et Etienne se font embarquer dans un live concert avec Adam, le professeur de musique avec qui l’équipe avait sympathisé au mois d’août, et Iddie, un jeune employé de Lion Gate.

Pendant ce temps, à 215 km de là, le reste de l’équipe travaille sur le chantier. L’école prend forme et on commence déjà les finitions ! Peinture des toitures et pose du crépi sur les murs intérieurs de 2 classes. Nous apprécions tous travailler en hauteur, même Charles qui a le vertige, pour profiter de la magnifique vue sur la vallée de Ngorongoro et le village. Par convention de Ngorongoro, les toitures sont peintes en vert. La pose du crépi consiste à mettre du mortier très fin par-dessus les briques pour obtenir un mur lisse que l’on peinturera par la suite. C’est un coup de main à prendre car il faut lancer le mortier sur le mur puis l’étaler sans faire de trou ni créer de reliefs sur le mur. Grâce aux conseils d’Emmanuel, Audrey et Agathe finissent par adopter la bonne technique. Pour le tableau de la classe on mélange de la poudre noire avec du ciment.

Les finitions extérieures commencent également. On creuse le chemin qui reliera le bureau avec chacune des classes, en passant par la cafétéria et jusqu’aux latrines. Nous avons reçu du pavé supplémentaire alors nous utiliserons le surplus pour faire une décoration circulaire multicolore, clin d’œil au design des colliers Maasai.

Dimanche 10

Le trafic est dense ce dimanche à Arusha, Arpakwa a du mal à rejoindre Etienne et Lucas qui l’attendent au centre-ville d’Arusha. Malheureusement, ils ne sont pas au bout de leur peine car la voiture crève au moment de partir et les deux compères ne peuvent pas rejoindre Emmanuel de l’entreprise SIDO, notre fournisseur de four. Celui-ci se déplace jusqu’à eux pour régler les paiements et les dernières modalités avant la livraison du four sur le site de construction. C’est beaucoup d’attente à chaque fois, on a appris à relaxer ici et à prendre le rythme tanzanien. Une quinzaine de minutes d’attente se transforment vite en une heure ou deux… Ils doivent quitter Arusha au plus tôt pour se rendre au souper chez Andrea (ici appelé babu par tous, ce qui signifie grand-père), notre chef de chantier. Malgré la conduite effrénée d’Arpakwa, ils arrivent à 21h chez babu (au lieu de 19h…) qui commençait à s’impatienter en appelant Lucas chaque 10 minutes. Il est fier d’accueillir les garçons chez lui et de leur présenter sa famille dans la maison qu’il a lui-même construite. La culture veut que les femmes mangent séparément des hommes. Andrea est ravi de recevoir du sirop d’érable. Nous sommes également ravis de collaborer avec cet homme compétant, patient et qui ne manque pas de nous faire rire chaque jour sur le chantier avec, notamment, sa réplique préférée « use your common sense, not your power ! » :

Le timing est moins serré à Nainokanoka où le reste de l’équipe profite de leur jour de congé. Audrey, Mathieu, Charles et Agathe partent pour le marché de Olélolay, à 1h30 de marche, accompagnés par deux fundis maasai, Peeta et Lebura, ainsi que notre garde, Mikaré. Dès notre arrivée dans ce petit village, les habitants forment un cercle autour de nous, ils sont curieux de voir des blancs venir chez eux. C’est bien différent de notre village de Nainokanoka où les habitants sont à présent habitués à notre présence et nous saluent par nos noms. Au marché de Olélolay se trouvent surtout des légumes et des fruits. Nos amis nous amènent à l’écart du marché, en bordure de forêt, où nous découvrons une clairière transformée en boucherie ! Têtes de chèvres et boyaux à terre, il faut avoir l’estomac bien accroché, alors qu’il s’agit pour eux d’une activité tout à fait banale. Les morceaux de viandes sont étirés sur des branches puis étalés sur le feu pour la cuisson. Les parties de la chèvre qu’ils ne mangent pas sont utilisées pour faire la fameuse soupe Maasai. La petite troupe repart avec 4 morceaux que l’on déguste dans un boma du village. Nous invitons également William, chauffeur et ami d’Arpakwa à se joindre à nous. Assis à terre ou sur des sceaux, on savoure les morceaux de viande coupés un à un par Mikaré, accompagnés d’une assiette commune de riz. Nous profitons ensuite que William reparte à Nainokanoka pour embarquer dans sa voiture. Des hommes, des femmes, des enfants, une chèvre montent à leur tour et nous nous retrouvons à 19 personnes et une chèvre vivante dans cette voiture 8 places ! Toute une aventure, certains sont sur le toit, d’autres accrochés aux fenêtres ! Nous arrivons en vie à la maison, où nous passons le reste de l’après-midi à nous reposer dans les hamacs ou à jouer au frisbee.

Lundi 11, Mardi 12 et Mercredi 13 Novembre

Lucas et Etienne ont dû rester une nuit de plus à Karatu car il n’est pas possible de passer la porte de l’Aire de Conservation de Ngorongoro au-delà de 18h. Ils en profitent pour payer les fournisseurs et faire une épicerie.

Nous fixons la date de la cérémonie d’ouverture de l’école, ce sera le 14 décembre. Il nous reste un mois, et bien que nous ayons pris de l’avance, ces 4 semaines vont être nécessaires pour finir la construction. Nous avançons cette semaine sur les latrines, Etienne et Mathieu, les deux membres de l’équipe les plus agiles en hauteur, s’occupent de la ceinture de béton sur laquelle reposeront les charpentes du toit. Plus bas, on perce la dalle des latrines pour laisser un trou dans chacune des 6 toilettes.  Charles, Audrey et Agathe posent les fenêtres et les portes dans les classes. Il faut pour cela tailler la brique car l’espace réservé à cet usage est trop étroit.

Malheureusement, cette semaine Lucas n’est pas avec nous sur le chantier car il est malade depuis son retour d’Arusha. Il ne chôme pas pour autant et en profite pour optimiser le transport des matériaux avec Arpakwa, préparer la réunion sur la pérennité du projet et faire la logistique de la cérémonie d’ouverture.

Jeudi 14, Vendredi 15

Cette fois ci, on ne fera pas appel à Greg, le charpentier, pour monter les toits, car ses frais sont trop élevés. Nous connaissons maintenant la méthode et Etienne, Imma et un nouvel ouvrier s’attellent à cette tâche. Pendant ce temps, Charles, Mathieu et Agathe creusent les fondations des murs extérieurs devant les latrines ainsi que celle de la dalle de béton extérieure, autour des latrines. Audrey aide aux finitions des murs extérieurs des classes avec Johnny, le maçon, et Maki, notre meilleur ouvrier.

Les embauches se complexifient cette semaine car Imma et Andréa ne veulent plus changer les quatre ouvriers Maasai avec qui ils ont l’habitude de travailler. Problème, beaucoup de Maasai veulent travailler sur le chantier et l’équipe du PRECI aime donner sa chance à chacun, pour offrir un peu de travail au plus de personnes possibles. C’est Mathieu qui, chaque matin, choisit les 2 ouvriers embauchés par le PRECI. Nous changions d’habitude à chaque semaine mais nous avons commencé un roulement aux deux jours pour satisfaire le plus de monde. Certains ouvriers sont devenus des amis, et c’est toujours délicat de leur annoncer que l’on ne peut pas les embaucher tous les jours.

Samedi 16 Novembre

Cela fait 2 mois et demi que nous vivons à 30 minutes de voiture du cratère de Ngorongoro, dans lequel vivent quelques 25.000 animaux sauvages et nous allons enfin l’expérimenter ! Arpakwa nous a obtenu des permis gratuits, une aubaine quand on sait que les frais d’entrée s’élèvent à 70 $US par personne et 300 $US par voiture ! Le réveil n’a jamais été aussi facile tant nous sommes impatients et embarquons dans l’auto à 6h du matin avec Arpakwa et William, le chauffeur. Dès notre arrivée au cratère, nous sommes époustouflés par les paysages et apercevons très vite un lion ! Tout au long de la matinée, on aperçoit beaucoup de zèbres, de gnous, des hippopotames, des gazelles, des chacals, un rhinocéros, des hyènes et même des éléphants qui traversent la route devant notre auto ! Nous dégustons notre diner à seulement quelques mètres des hippopotames, qui comptent parmi les animaux les plus dangereux d’Afrique.

Dimanche 17

La pérennité du projet est un point important sur lequel le PRECI met une emphase particulière. L’équipe veut s’assurer que tous les enfants de Nainokanoka et des villages environnants puissent bénéficier d’une éducation de qualité dans cette école, sans aucune ségrégation de race ou de religion. Dans cet objectif, nous souhaitons que la gestion et l’administration de l’école soient dans les mains de la communauté. Malheureusement notre point de vue n’est pas partagé par tous et nous en faisons les frais ce dimanche. L’école étant construite sur le terrain de l’église, mais pour la communauté, un document, le Memorandum Of Understanding (MOU), relatant les droits et devoirs de chaque partie a été rédigé. Problème, ce document, signé fin août, nous est parvenu il y a 3 semaines seulement, et ne mentionne ni notre partenaire, Arpakwa, à l’origine du projet, ni l’équipe du PRECI. Etant en désaccord avec certains points qui compromettraient l’inclusion de tous les enfants, nous convoquons les differents partis pour une réunion de la plus haute importance. Sont présents le Père Denis, le père Francis, des membres de l’église catholiques, Lengai (ancien chef du village), le nouveau chef du village, Arpakwa ainsi que les 6 membres de l’équipe du PRECI. Deux points majeurs entrainent des désaccords, celui plaçant l’église comme propriétaire de l’école et le second accordant au prêtre le titre de directeur de l’école. Ces points sont fondamentaux pour nous et compromettent notre vision initiale du projet. De plus, nous souhaitons qu’Arpakwa, qui partage la même vision que nous, fasse parti du conseil d’administration au même titre que l’ancien et le nouveau chef du village et des membres de la communauté. Nous souhaitons que le directeur de l’école soit élu par le conseil d’administration. L’équipe du PRECI est en accord avec Lengai et Arpakwa, le plus dur à convaincre est le Père Denis. Au fur et à mesure que nous énonçons les points de désaccord, les esprits s’échauffent et 4h de discussion plus tard, nous ne trouvons toujours pas de consensus. La réunion est longue car chaque parole est traduite en anglais, pour nous, ou en Swahili, pour les représentants de la communauté. Le nouveau chef du village semble effacé de la conversation mais plus tard nous avons appris qu’à la suite de la réunion, il avait téléphoné à Arpakwa pour énoncer son accord avec nos propositions. Le père semble frustré et comprend que l’équipe du PRECI et Arpakwa ne sont pas juste les constructeurs du projet mais les initiateurs, c’est d’ailleurs Arpakwa qui a sélectionné le terrain de l’église comme lieu idéal pour répondre aux besoins de la communauté. Nous rentrons à la noirceur, le débat sera repris plus tard dans la semaine.

Lundi 18, Mardi 19, Mercredi 20, Jeudi 21

Lundi, c’est la reprise du chantier, les charpentes de la 3e classe et de la cafétaria sont prêtes à être posées. La pose est délicate car les charpentes sont très lourdes, 5 sont nécessaires pour une classe et 7 pour le toit de la cafétaria. Mathieu, Etienne et Charles aident babu et Imma avec la toiture tandis que Agathe creuse les briques pour faire entrer les portes dans les ouvertures de la 3e classe. Audrey aide à monter les murs extérieurs des latrines. Lucas est toujours mal en point, l’équipe et les ouvriers du chantier se font du souci pour lui. Chaque jour les fundis (ouvriers en swahili) demandent de ses nouvelles et babu l’appelle pour lui conseiller d’aller à l’hôpital de Karatu. Malgré la fatigue, Lucas se charge de la logistique, du suivi des comptes, des commandes et du transport des matériaux.

Suivant les conseils de babu, Lucas et Agathe, qui l’accompagne, partent mardi pour l’hôpital de Karatu. Notre partenaire, Arpakwa ne cesse de nous étonner avec ces nombreux contacts. Un coup de fil au médecin de l’hôpital et le tour est joué, Lucas est pris en charge prioritairement. Nous sommes rassurés qu’il n’a pas la malaria, mais certainement une bactérie. Après la prise d’un traitement, son état s’améliore à vue d’œil, il n’a plus qu’à se reposer et reprendre des forces. Chaque déplacement à Karatu nous coûte cher alors nous faisons au mieux pour le rentabiliser : payements des fournisseurs, courses au marché, discussion autour du MOU avec Arpakwa, ces tâches faites éviteront aux trois membres de l’équipe qui doivent aller renouveler les visas à Arusha de marquer un arrêt par Karatu.

La saison de pluie prend de l’intensité et bloque l’avancement du chantier mercredi après-midi.

Jeudi, nous recevons le mobilier des classes, soit, 45 tables-blancs en bois pour les enfants, ainsi que les bureaux et chaises des professeurs. Les enfants présents sur le chantier sont ravis. On monte les charpentes du bureau en forme circulaire rappelant les bomas traditionnels, le résultat est magnifique. Malheureusement nous perdons des sacs de ciment à cause de la pluie qui a pénétré dans le magasin.

Vendredi 22, Samedi 23, Dimanche 24, Lundi 25, Mardi 26

Lucas, Charles et Étienne partent pour Karatu pour le renouvellement des visas. Ils ont eu la chance de partager la route avec Arpakwa jusqu’à Arusha où il se rend pour voir ses enfants. Encore une fois, les trois gars sont très bien accueillis. Le dimanche, Charles et Étienne partent à l’aventure en louant une moto. Malheureusement pour eux, la pluie les attrapa rapidement et ils durent faire demi-tour.

Lucas en a profité pour planifier les vidéos du professeur de musique dans le but de promouvoir le programme de musique à l’école Good Hope School. Il a donc filmé les enfants dimanche, lundi et mardi dans le but d’avoir un produit fini en fin décembre lors du retour à Arusha.

De retour à Karatu, Charles, Étienne et Lucas en profitent pour terminer le paiement de fournisseurs avant de retourner vers Nainokanoka pour les dernières semaines de chantier restantes.

À bientôt!

L’équipe du PRÉCI 2019

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