Lundi 11 octobre au jeudi 14 octobre
En ce début de semaine 5 de chantier, nous commençons par monter tous les coffrages pour le haut de nos semelles filantes. Nous nous lançons donc dans la menuiserie et dans la joie des échardes! Bien sûr, tout se fait à la main, alors nous apprenons à développer nos talents de scieurs et de cloueurs. Nous préparons également les coffrages des semelles isolées qui vont soutenir les poteaux de la pergola.
Le lendemain, nous commençons le coulage. Avec tous les coffrages installés, on arrive à visualiser la totalité des fondations que nous allons effectuer. Nous sommes soulagés par l’arrivée d’une livraison de basalte de Dakar que nous attendions depuis une semaine et demie. Comme c’est un des ingrédients de notre mélange de béton, il ne nous le fallait absolument pour le début du coulage. Nous recevons également une petite bétonnière de Ziguinchor. Le marché étant que nous devions payer les réparations à faire dessus ainsi que la livraison et on nous la prêtait pour toute la durée des travaux. Nous nous rendons compte assez vite que les réparations apportés dessus ont été assez sommaires… et que l’utilisation de celle-ci n’est pas très pratique. On l’utilise donc en parallèle avec le gros mélange que nous effectuons à la main avec les maçons.
Mercredi, nous avons presque fini de couler les semelles filantes. Le coulage avance bien et nous ne rencontrons pas beaucoup de difficultés. Après avoir reçu le basalte avec une semaine et demie de retard le jour d’avant, nous essayons un nouveau fournisseur de Dakar qui nous est fourni par Secou, notre jeune maçon. Le chargement de basalte arrive cette fois-ci… le lendemain! Nous en sommes ravis et rassurés. Le soir, nous nous amusons à grimper sur les grands manguiers qui sont dans le village. À la maison, la surnommée « Miss », qui est la femme de notre hôte Bécaye, nous a préparé des fatayas, une de nos collations préférés du Sénégal. C’est de la pâte frite farcie avec un mélange de pâte de poisson et plusieurs épices. C’est servi avec un petit mélange d’oignons en sauce que l’on met par-dessus. Un vrai délice.
Jeudi, nous terminons le coulage des semelles filantes et coulons également les semelles isolées. Nous avons alors presque terminé nos fondations! Il ne reste qu’une petite partie à couler avant que la semaine se finisse. Toutefois, nous nous rendons compte que le niveau de nos semelles filantes s’est surélevé de trois à cinq centimètres à plusieurs endroits. Effet de capillarité, sol qui travaille? Nous cherchons une explication, mais le fait reste qu’il y a une différence de niveaux entre nos semelles filantes et nos semelles isolées. Nous devons donc prévoir qu’il y aura une différence de niveau entre les dalles des salles de classes et les dalles de pergola. Avec l’aide de notre partenaire d’architecture Aedifica, nous modifions le concept originel où tout était du même niveau et allons maintenant faire une rampe entre le trottoir avant du bâtiment et le reste des dalles de pergola afin de corriger cette modification.
Vendredi 15 octobre
La dernière partie qu’il nous reste à couler pour les semelles est le contour des poteaux des salles de classe. Puisque les poteaux seront entourés de briques, il faut une base plus large afin de déposer les briques qui vont les entourer. Il faut alors faire des coffrages sur mesure et par la suite couler le béton supplémentaire. Pour le repas du midi, nous goûtons à un nouveau plat : crevettes et oignons en sauce que l’on met dans du pain pour faire des sandwiches. Très épicé, mais surtout délicieux! Le soir, nous participons à un match de soccer amical entre les deux grands quartiers du village : Kalap vs Bagny. Pierre-François et Marc jouent pour Kalap alors qu’Alexi et Maël représentent Bagny. Match « amical » est un grand mot, car les jeunes des quartiers prennent ça très au sérieux. Suite à une décision controversée de l’arbitre d’expulser un joueur de Kalap et de ne pas appeler une main avant le 2e but, Bagny remporte le match 2 à 1.
Samedi 16 octobre
Les coffrages étant terminés, nous pouvons couler les contours des semelles en ce samedi. C’est officiellement la dernière étape des fondations. Nous sommes très contents de terminer cette étape qui nous a causé beaucoup de soucis et d’ajustements. Nous nous récompensons en achetant des fatayas à la maison voisine de la nôtre et en savourant une bonne bière que nous nous sommes procurés à Bignona.
Dimanche 17 octobre
En cette journée de repos, Romuald en profite pour terminer la visite de tous les quartiers du village. Maël, quant à lui, se lève tout de même tôt pour aller voir une carrière de sable où nous commanderons les prochaines livraisons pour le remblayage. À son retour, il va mouiller les semelles du bâtiment afin de bien durcir le béton. Alexi et Pierre-François se rendent à Bignona afin de faire quelques achats et aller observer différents tissus afin de fabriquer des « Boubous », soit la tenue traditionnelle sénégalaise. C’est également au tour d’Alexi de cuisiner ce dimanche, et il prépare des pizzas pour toute la maison! Merci à Alexi et sa rapidité qui nous permettent de déguster ce succulent repas…. à minuit!!
Lundi 18 octobre
Nous débutons alors une étape qui, nous ne le savions pas encore, deviendra la plus chiante d’entre toutes et nous prendra l’entièreté de la semaine : le remblayage, et plus particulièrement le damage qui vient avec. Nous commençons donc à étendre du sable sur toute la surface des salles de classes et pergolas et ensuite nous damons le sable qui a été étendu. C’est une des choses les plus difficiles que nous avons fait jusqu’à maintenant, surtout sous la chaleur du soleil. Marc, qui traînait un petit rhume depuis quelques jours, prend la journée pour se reposer et récupérer afin de revenir en force pour la suite des travaux. À la fin de la journée, Alexi, Rom et Pierre-François vont jouer au soccer avec quelques enfants.
Mardi 19 octobre au vendredi 22 octobre
Le remblai continue sous la grande chaleur sénégalaise. Les habitants nous partagent que ces chaleurs en cette période ne sont pas normales et disent que nous sommes en période de canicule. C’est le cas de le dire puisqu’il fait un léger 37°C à l’ombre et sans facteur humidex… Des températures qui nous font presque rêver de la neige au mois de janvier. Maël part pour Bignona afin d’effectuer quelques achats et le reste du groupe était supposé le rejoindre après la journée de travail pour souper dans un petit restaurant. Comme une livraison en provenance de Bignona était supposée arriver vers 18h30, nous voulions profiter de ce transport lors de son retour. Toutefois, la livraison est arrivée à 20h (chose que nous aurions pu malgré tout prévoir selon la ponctualité de nos commandes jusqu’à présent) et, puisqu’il était tard, Maël est finalement rentré avec la nourriture pour emporter.
Mercredi, suite à la journée au chantier, nous allons jouer un match de foot à Kalap, le quartier à l’entrée du village. Nous nous amusons avec les jeunes du village mais ce match achève définitivement toutes nos forces restantes qui étaient déjà bien épuisées suite aux derniers jours de travail sous la canicule.
Une étude a démontré que le jeudi est la journée où nous sommes le plus fatigué dans la semaine. C’est encore plus vrai lorsque l’on travaille six jours par semaine et que l’on a joué un match de soccer la veille après le travail. Notre niveau d’énergie est beaucoup plus bas au chantier et nous avons plus de difficulté à supporter la chaleur. Certains d’entre nous font même une sieste sur le chantier lorsqu’ils le peuvent. Une grosse nuit de sommeil s’impose alors.
Nous commençons à apercevoir la fin du remblayage le vendredi, un signe qui nous encourage beaucoup.
Fun fact : Nous avons tous été rebaptisés avec des noms du village de Tendimane. Alexi se fait appeler Bemba Badji. On lui a donné ce nom car le vrai Bemba Badji du village est un imam et puisque Alexi à une grosse barbe et que les imams portent la barbe, Alexi est devenu « l’imam du Canada ». Maël se nomme Sécou Sané. Il a pris le prénom de notre jeune maçon Sécou Coly et le nom de famille Sané come le président de l’ADIT Lamine Sané. Marc s’est renommer Sana Diedhiou alias « Papo ». La famille Diedhiou est une famille de Kalap, là où Marc aime bien se promener. Pierre-François a pris le nom d’Aymari Dieme. Dieme est le nom de famille de notre hôte Bécaye Dieme, et le prénom a été choisi par les frères de Bécaye, qui est en fait le prénom de leur grand-père défunt. Il se fait justement appeler « Papafan », qui veut dire grand-père dans la langue Diola. Finalement, Romuald a choisi le nom d’Ibou Bodian. La famille Bodian est une famille importante du village dont le chef, Sana Bodian en fait partie. Rom se fait également surnommer « Émocorail », qui est une plante que lorsque l’on y touche, ça démange pendant 12 heures et plus. C’est le surnom du vrai Ibou Bodian du village, alors le surnom a suivi Romuald également, ce qui fait bien rigoler le groupe et les maçons.
Samedi 23 octobre
Nous finissons enfin le (maudit) remblai. On a l’impression d’être plus content de terminer cette étape que le projet au complet. Nous profitons de cette petite victoire en allant souper à Bignona tous ensemble. Nous allons à un petit restaurant qu’Alexi s’est fait parlé par un local afin de manger un bon repas et de décompresser. Nous achetons également des petites boîtes de chocolats et biscuits locaux pour garder à la maison.
Dimanche 24 octobre
Marc et Romuald profitent de cette journée de repos pour aller se balader en forêt alors qu’Alexi et surtout Pierre-François font la grasse matinée. Que voulez-vous, ce n’est pas tous les jours qu’on peut se lever vers 11h (malheureusement)! Maël, fidèle à ses habitudes, se lève tôt, a déjà bien entamé la journée en révisant les finances du projet et en s’occupant à diverses tâches. En après-midi, Alexi et Pierre-François vont dans le salon de Bécaye avec plusieurs autres invités afin d’assister à un évènement qui monopolise des hommes et quelques femmes de tous les âges au village; « El clásico » FC Barcelone vs Real Madrid. Le match se termine 2-1 pour le Real au grand déplaisir de Bécaye, qui est un grand amateur du Barça. Pour le souper, c’est au tour de Maël de cuisiner quelque chose pour la maison. Il prépare donc des hamburgers pour tous et c’est bien apprécié par nos hôtes. C’est aussi une bonne manière de conclure la semaine et de nous redonner des forces pour la suivante. Prochaine étape : On s’attaque au coulage des dalles.
