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Semaine 3 et 4 – Petit à petit, l’oiseau fait son nid

Lundi 27 septembre

Nous débutons la semaine en préparant l’armature qui ira dans les bases de semelles isolées. Nous commençons le dur labeur qu’est le pliage des barres d’acier de 6, 8 et 10 millimètres… à bras. Nous effectuons la tâche avec des clés et un cadre pré-monté. Cela nous fait d’ailleurs réaliser une fois de plus que nos maçons sont de vrais hercules. On commence à songer à effectuer un test de dépistage, il y a quelque chose qui cloche…
Pendant ce temps, Romuald et Alexi se rendent à Ziguinchor afin de rencontrer des fournisseurs. Ils sont accueillis par Lamine Sané, le président de l’ADIT, et se font servir un copieux repas chez lui au midi. La base de nos armatures se composant de barres de 14 millimètres, nous essayons de nous procurer une meule afin de pouvoir couper les barres.

Nous et notre équipe de maçons

Mardi 28 septembre

Un grand malheur survient au village ce mardi. Une jeune dame est décédée suite à un ulcère d’après ce que nous avons entendu des habitants. Puisque tout le village se rend à la cérémonie de l’enterrement, les maçons ne travaillent pas et nous sommes également invités à assister à la cérémonie. Nous avons alors enfilé nos plus beaux habits et avons assisté à plusieurs lectures du Coran devant la maison de la dame par plusieurs « connaisseurs » du Coran ainsi que différents imams. Nous nous rendons ensuite au cimetière afin d’assister à l’enterrement. C’est donc comme cela que se termine la cérémonie et nous prenons une journée de repos au chantier.

Les rizières du village au couché de soleil

Mercredi 29 septembre au samedi 2 octobre

Nous reprenons le chantier le lendemain en continuant de préparer les armatures pour nos semelles. On pré-monte également les armatures des bases des colonnes. Nous avons réussi à nous procurer une meule pour nous faciliter la tâche de couper les barres de 14 millimètres. Notre cher maçon Ousmane qu’on surnomme affectueusement « Rambo » ou « le commando » s’est mis en charge d’effectuer le découpage des barres avec la meule. Il tenait d’ailleurs absolument à ce qu’on le filme et qu’on l’applaudisse pour le « vidéo à montrer au Canada ». Une séquence qui nous a bien fait rire et qui nous a valu une excellente vidéo à mettre sur notre page Instagram. Allez cliquer sur la pastille « Projet Tendimane » et vous finirez par tomber dessus. Rires garantis!
Nous continuons à travailler sur le ferraillage et jeudi nous débutons le coulage des semelles isolées avec l’armature. Vendredi soir, nous avons notre premier cours de comment préparer le thé « Ataya », soit le thé sénégalais. C’est un thé très sucré que les Sénégalais boivent à n’importe quel moment de la journée. Il consiste en trois services de thé qui se font tous avec le même thé infusé trois fois. Plus on avance dans les services, moins le thé est fort et plus il est sucré. Le breuvage est servi dans de petits verres en vitre appelés «casses » contrairement aux tasses dont nous sommes habitués. Avant chaque service, il faut plusieurs fois verser le thé de casse en casse afin de bien mousser le thé. Plus il y a de mousse, meilleur est le thé (entre nous, cette mousse est bien plus une question d’esthétique que de goût). Également, plus il y a de hauteur pour verser le thé, plus t’es « hot ». C’est donc Pierre-François qui suit le premier cours le jeudi enseigné par notre prof Aliou Bodian. On se relaye par la suite à chaque jour dans cet ordre : Maël, Marc, Alexi et Romuald.

Rom qui essaie d’être « hot » avec le thé ataya

Dimanche 3 octobre

Une autre journée de repos que nous attendions avec impatience! Encore une fois, on se sépare un peu dans la journée pour faire ce dont nous avons envie. Alexi et Romuald partent pour prendre une petite marche dans la forêt environnante afin de découvrir des arbres pour grimper et du même coup essayer de voir des animaux sauvages tels que des singes ou des serpents. Maël et Marc restent à la maison pour prendre du repos et travailler un peu sur la préparation de la semaine à venir et Pierre-François finit de faire le tour du village en terminant avec l’autre grand quartier, « Bany ». L’autre grand quartier se nomme « Kalap ». Marc, Maël, Rom et Alexi font des parties de « Spike Ball » en soirée avec quelques locaux alors que Pierre-François cuisine un pâté chinois avec les femmes de la maison.

Premier pâté chinois pour les femmes du village

Lundi 4 octobre

De retour sur le chantier, nous continuons de travailler sur les armatures des bases des semelles filantes et commençons à monter les coffrages pour les semelles isolées. On dirait qu’on commence tranquillement à s’habituer à la chaleur accablante du Sénégal. On ne vous dit pas que nous n’avons plus chaud, mais disons qu’au moins, nous n’avons plus l’impression de cuire sur place. À la descente (c’est comment ils appellent ici le fait de revenir du travail), nous allons assister au dernier match de la saison de l’équipe senior de Tendimane puisqu’ils sont éliminés en demi-finale avec une défaite crève-cœur en tirs de penalty.

Petite balade en forêt avec les jeunes du village

Mardi 5 octobre

Nous continuons de faire avancer la production des armatures des semelles filantes et du coffrage de semelles isolées, mais nous sommes un peu ralentis par des retards de livraison de matériaux : Un problème de plus en plus récurrent qui nous déplaît grandement, puisqu’il nous fait prendre du retard au chantier, un facteur qu’on ne peut pas vraiment se permettre. Nous terminons la journée en allant prendre une petite marche la nuit tombée afin d’observer les étoiles, un luxe qu’on essaye de profiter au maximum puisqu’au village il n’y a pas de lumières la nuit. Nous pouvons alors apercevoir dans le ciel étoilé les bras de la voie lactée ainsi que, avec parfois un peu de chance, des étoiles filantes.

Petit spot que nous avons trouvé près de la rivière pour relaxer

Mercredi 6 octobre

Nous terminons enfin les armatures des bases de semelles filantes. Nous restons même très tard au chantier afin de tout préparer pour le lendemain où nous commencerons à couler le béton des bases des semelles filantes. C’est également aujourd’hui que les mouleurs de briques de géo-béton, ou briques de terres compressées (BTC), débutent la production. Ils prendront environ deux semaines pour fabriquer… 5500 briques!
Nous apprenons également une histoire assez rocambolesque. Un python a étranglé une chèvre avant qu’il ne soit découvert par deux villageois et il s’est enfui par la suite, laissant derrière lui la chèvre morte sur place. Les villageois étaient partis chercher un fusil afin d’abattre le serpent mais il s’est enfui avant. Nous apprenons donc deux choses : Premièrement, il y a des pythons au Sénégal. Deuxièmement, ils peuvent faire jusqu’à 8 mètres de long. Mais rassurez-vous, familles et amis, ils ne s’attaquent pas aux humains!

Notre équipe de briqueleurs

Jeudi 7 octobre au samedi 9 octobre

Le coulage des bases des semelles filantes commence enfin. Nous entamons cette tâche au rythme de la musique rock, country et électronique que les maçons découvrent pour la première fois et qui en font bouger plus d’un sur le chantier. Le moral est bon! Nous continuons en parallèle le montage des murs d’armature puisque nous coulons les semelles par section. Jeudi soir, il y a une autre danse du Kumpo, mais cette fois-ci à Kalap (d’habitude elle se fait au centre du village dans le quartier de Bany). La fête est au rendez-vous et Pierre-François va danser avec les gars du quartier au rythme endiablé des tamtams et casseroles et sous les éclairs d’une tempête. Romuald, Maël et Marc en profitent pour se percher sur un arbre pour regarder les éclairs lointains qui se ramifient dans le ciel alors qu’Alexi en profite pour faire du rattrapage avec ses proches.
Vendredi nous continuons le coulage des semelles filantes et le montage des armatures, mais de sérieux délais de livraison sur le ciment, un des ingrédients critiques du mélange du béton, commence à nous inquiéter. Heureusement, en mettant de la pression sur le fournisseur et en se déplaçant sur place pour le rencontrer, nous arrivons à faire débloquer les problèmes.
Notre dernier jour de travail de la semaine nous permet de terminer le coulage des bases des semelles filantes. Le soir, une danse du Kumpo est prévue à Kalap. Nous prenons notre temps pour nous laver et nous préparer avant d’aller à la danse ce qui fait que nous arrivons à la fin de la danse. Lors de la fin, les « initiés » sont assis et le Kumpo leur parle et punit ceux qui ne se comporte pas bien à la maison et ceux qui sont arrivés en retard. La punition : tu te couches à terre devant le Kumpo et il te frappe avec son bâton sur les fesses. Normalement, les étrangers ne participent pas aux cérémonies, mais, allez savoir pourquoi, nous nous sommes retrouvés en plein milieu de cette histoire et puisque nous sommes arrivés en retard, nous avons eu droit à la bastonnade. Disons que les villageois ont bien rigolé.

Le Kumpo et le Niass qui se dirige vers la danse

Dimanche 10 octobre

Le début de l’année scolaire approche (14 octobre), et donc la jeunesse du village est venue désherber le terrain de l’école avec les « kayandous », l’outil dont les paysans se servent pour labourer la terre dans les rizières. Romuald et Maël se sont d’ailleurs joints à eux pour les aider. Normalement, les paysans chantent et labourent la terre au rythme de chansons traditionnelles, tous très synchronisés. Romuald et Marc en profitent à leur tour pour visiter une partie du village et y rencontrer les habitants. Alexi et Pierre-François se rendent à Bignona afin d’acheter des souliers de soccer et ainsi pouvoir jouer un peu après le chantier. Afin de conclure cette belle journée, c’est au tour de Romuald de cuisiner avec les femmes de la maison afin de nous concocter des superbes pâtes carbonara. Un vrai délice que la famille Diemme et nous-mêmes avons bien apprécié!

Maël qui apprend à manier le kayandou

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