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Blogue semaines 13 et 14 – E Bam Bam (c’est fini)

Lundi 6 décembre et mardi 7 décembre

En ces deux dernières semaines du projet, nous sommes frappés par une nouvelle épreuve. Une coupure d’eau qui dure maintenant depuis plus de 24h nous force à trouver une solution rapidement puisque les carreleurs utilisent une grande quantité d’eau pour leur travail. Vous vous rappelez du seul habitant du village qui possède un tracteur et qui nous avait prêté sa batterie pour démarrer la génératrice? Eh bien, il revient nous prêter main forte en remorquant avec son tracteur de grands barils de 200 litres qu’on réussit à remplir avec une pompe dans un puits. Cela permet aux carreleurs de continuer à carreler la petite pergola, la grande pergola étant terminée.

Romuald qui va chercher de l’eau dans le tracteur

Mardi, alors que Pierre-François et Romuald vont à Ziguinchor pour acheter du matériel électrique manquant, la coupure d’eau n’est toujours pas terminée au village, nous forçant à faire un autre voyage d’eau avec le tracteur. Les carreleurs poursuivent avec le trottoir arrière alors que les maçons sablent et peinturent les tableaux d’une classe. Les soudeurs commencent enfin à installer la toiture! En une journée, ils arrivent à installer toutes les tôles au-dessus  de la petite pergola et des deux salles de classe. Enfin un peu d’ombre sur le chantier! Par le fait même, l’installation des lumières, prises intérieures et interrupteurs débute dans les salles de classes finalement couvertes.

Carrelage grande pergola

Mercredi 8 décembre

Ce mercredi est une journée difficile pour notre moral. Plusieurs problèmes s’abattent sur nous alors qu’on essaye de tout terminer à temps pour l’inauguration. Premièrement, nous nous rendons compte qu’il nous manquera des tuiles blanches pour carreler l’intérieur des salles de classe et aucun fournisseur à proximité en a en stock. Nous avons donc pris la décision de carreler l’intérieur des salles avec une tuile de couleur terreuse et que ça soit fait en carreaux pleins au lieu de carreaux cassés.

Carrelage d’une salle de classe par le patron Omar

Marc, qui s’est rendu à Thionk Essyl mardi et aujourd’hui, nous annonce qu’il y a un problème avec le système de volets des fenêtres. On sait pas trop comment le menuisier métallique a travaillé, mais les petits cadres ou vont les plaques de bois ne sont pas droits, ce qui fait qu’ils se touchent et touchent les bords du grand cadre lors de l’ouverture et la fermeture. Nous prenons la décision de faire livrer à l’école une fenêtre « montée » afin de réfléchir au problème en équipe. Ce qui joue sur notre moral, c’est que nous avons trois fenêtres d’assemblées sur douze, non peintes, sans les panneaux de bois pour les volets, et dont l’ouverture-fermeture ne marche pas. Alexi, l’homme d’action, restera éveillé jusqu’à 3h du matin, accompagné de Romuald, afin de régler le problème du mécanisme.

Petits cadres qui forment les volets de nos fenêtres

Jeudi 9 décembre et vendredi 10 décembre

On demande au menuisier d’acier de venir avec tout le matériel des fenêtres afin de travailler sur place. Les maçons ont congé depuis mardi car ils attendent que les fenêtres soit prêtes. Alors que certains d’entre nous travaillent sur les fenêtres, d’autres s’affairent à terminer de découper tous les morceaux de grillages qui iront dans les briques ajourées. Romuald, quant à lui, commence à esquisser le logo du PRÉCI 2020 sur le mur du côté gauche de l’école. C’est d’ailleurs lui-même qui avait créé ce logo qui se retrouve à l’arrière de nos chandails. Les carreleurs ont presque tout fini la surface! Aujord’hui, ils font la surface des escaliers et du trottoir avant. Ils ont travaillés jusqu’à 22h et même 23h plusieurs soirs afin de terminer à temps! On salue grandement leur dévouement au projet. En ce qui concerne la toiture, les soudeurs travaillent fort également pour terminer la courbe de la pergola qui est la partie la plus difficile à faire.

Logo du PRÉCI 2020 sur le mur du côté de l’école

C’est le grand jour avant l’inauguration, et la tension est à son comble au chantier. Tout le monde court de gauche à droite pour tout terminer et tout laisser propre pour demain. Les maçons reviennent afin de mettre du mortier dans les trous des briques ajourées qui tiendra en place les morceaux de grillage. On doit malheureusement se rendre à l’évidence que nous ne pourrons installer de fenêtres pour l’inauguration. En effet, il y a encore beaucoup de réparations à faire et de plus il n’y en a pas une seule de peinte. On préfère bien faire le travail que de le terminer en vitesse et mal pour l’inauguration. Nous savions de toute façon que nous devrions rester quelques jours la semaine suivante pour terminer d’autres petits travaux. On se fait aider à peinturer la deuxième couche des tableaux par Miss Bécaye, qui est enseignante à l’école, ainsi que Mme Coly, une autre enseignante. On engage quelques jeunes du village pour dégager tous les gros déchets de construction qui entoure l’école. Le soir, toutes les femmes du village viennent afin de balayer et laver les planchers, une aide qui nous touche directement au cœur. Sécou, qui s’occupe de toute l’électricité du bâtiment, s’assure de tout terminer également pour la fête. Au final, les cinq restons jusqu’à 2h30 du matin à l’école afin de tout préparer pour le lendemain.

2e couche de peinture sur les tableaux avec Bouba, Mme Coly et Miss Becaye

Samedi 11 décembre

Après une courte nuit, nous sommes tous debout à 9h vêtus de nos tenues traditionnelles, prêt pour la grande fête. L’inauguration commence avec un spectacle dont nous avions le plus hâte; des démonstrations de marabouts du village qui essayent de se couper avec des couteux et des scies. Ils se protègent avec des « gris-gris », des sortes de talisman faits avec des racines, des passages du Coran, de la peau et des cornes de chèvre, des coquillages et des têtes de serpent. Ils s’aspergent également d’une eau bénite composée de mélange de racines seulement connues des marabouts. Le pouvoir combiné des « gris-gris » et de l’eau bénite empêche les lames de pénétrer le corps. Et comment! Devant nos yeux, ils essayent de se couper la langue, l’intérieur des joues, la gorge, les bras, le torse, etc. Ils sont en sorte de transe lors de la démonstration. Figurez-vous que deux de nos maçons font partie du groupe, soit Yaya et Ousmane.

Ousmane Amoross (devant), couvert de gris-gris et scie à la main

Suite à cette ouverture excitante vient la partie un peu plus longue, soit les discours et les remerciements. Nous sommes touchés d’entendre les discours du chef du village et de nos partenaires, mais on a lancé l’invitation au secrétaire général du ministère de l’infrastructure et je ne sais quoi encore, qui est venu avec ses associés bien sûr, et qui est le « parrain » de l’évènement puisqu’il a payé une partie de la fête. Comble de tout ça, ce sont bientôt les élections donc c’est en quelque sorte une mini campagne électorale. Ça laisse vraiment une déception parmi nous, puisqu’ai lieu de valoriser les maçons qui travaillent depuis le début avec nous et tous les autres ouvriers qui ont participé au projet, on donne la parole à des gens qui n’ont jamais été impliqué ni de proche ni de loin et même qu’on a jamais vu depuis notre arrivée au Sénégal.

Nos places pour l’écoute des discours, en habit traditionnel africain

Finalement, après tous ces discours, on passe aux remises de diplômes de mérite et au repas par la suite. Nous oublions rapidement ces longs discours alors que plus tard en soirée, c’est la grande dans e du Kumpo! Nous nous retrouvons avec les jeunes du village afin de danser au rythme des tamtams et des cloches. Toutefois, la fatigue finit par nous rattraper alors qu’après la danse, nous rentrons à la maison afin de souper et nous coucher.

Le Kumpo lors de l’inauguration

Dimanche 12 décembre au mercredi 15 décembre

Alors que nous nous levons un peu plus tardivement ce dimanche suite à la fête, nous nous rendons tout de même au chantier afin de continuer les travaux restants. On vend la moitié de nos briques restantes et un camion vient les chercher pendant la journée. Nous avons gentiment remercié le menuisier métallique vendredi et nous avons engagé des jeunes soudeurs du village pour nous aider à terminer le travail sur les fenêtres et fabriquer les cadres des panneaux allant entre le toit et la poutre de chaînage. Les soudeurs qui s’occupaient du toit restent également toute la semaine afin de nous aider avec les fenêtres avant de retourner à Ziguinchor. Le soir, nous faisons des petits matchs de foot à six contre six sur un petit terrain avec les jeunes du village.

Les enfants et enseignants ramassant les déchets le lendemain de l’inauguration

Lundi, les soudeurs de toit continuent de nous aider avec les fenêtres ce qui permet aux jeunes soudeurs du village de commencer à produire les cadres des panneaux. Maël commence également à faire l’inventaire de tout le matériel qui nous reste pour pouvoir le distribuer équitablement à maçons et ouvriers lors de notre départ.
Alexi passe une mauvaise nuit de lundi à mardi, alors qu’il malade. Toutefois, ça ne l’empêche pas de se présenter tout de même au chantier pour accomplir une bonne journée de travail. Il faut dire que maintenant, nos horaires de travail sont loin d’être conventionnels. Bien que nous débutions la journée entre 8h30 et 9h30, nous terminons rarement avant 19h, et même plusieurs soirs à 21h ou 22h.

Produit final d’une fenêtre installée

Mercredi, le maudit ajustement des fenêtres n’est pas encore terminé donc on continue de tout régler. Plusieurs fenêtres sont toutefois fonctionnelles alors nous pouvons commencer à appliquer l’antirouille. On essaye d’en préparer le maximum possible puisque jeudi, les maçons viendront pour les installer. On commence également à percer tous les trous dans nos cadres de panneaux afin de pouvoir installer les planches de bois rouge.

Jeudi 16 décembre au samedi 18 décembre

Buts de soccer/handball que nous avons fait fabriquer

Les maçons sont de retour jeudi afin d’installer les fenêtres devant les salles de classe alors qu’on ajuste les deux dernières la journée même. En coordonnant maçons et soudeurs, nous arrivons à installer toutes les fenêtres le jour même. Pour cette dernière semaine, on décide également d’engager un soudeur de Bignona qui viendra fabriquer des buts hybrides de soccer et handball ainsi qu’une balançoire avec les surplus de matériel qui nous restait. Il fabrique tout ça en un jour. Lamine Sambou, notre menuisier de bois qui fabrique toutes les planches pour les fenêtres et les panneaux, vient sur place afin de continuer ces coupes de bois avec son associé Apollo. Ça nous fait beaucoup de gens au chantier!

L’équipe avec Lamine Sambou et Apollo Badji, les deux menuisiers

Vendredi, les maçons viennent pour crépir la section de la poutre de chaînage au-dessus des fenêtres ainsi que les jonctions avec le mur. Ils en profitent en même temps pour faire des rampes d’accès aux plus vieilles salles de classe de l’école. Les jeunes soudeurs installent les cadres des panneaux sur les fermes de toit alors que les soudeurs de toit repartent finalement pour Ziguinchor. On fait préparer un grand repas de « fin de chantier » avec tous les travailleurs afin de les remercier de leur implication tout au long du projet. On essaye de terminer le plus rapidement possible alors que notre départ approche à grands pas, et on reste encore jusqu’à 1h du matin pour poser des panneaux de bois sur les fenêtres.

Bouba et Romuald lors du dîner de fin de chantier
Tout ceux présents au dîner

Les maçons reviennent pour une petite journée afin de terminer le crépi et dé-coffrer les rampes qui ont été coulées le jour d’avant. Alors qu’on continue à fermer le haut du mur mitoyen avec du contreplaqué pour isoler le bruit entre les deux classes, on continue également l’installation des panneaux de bois au-dessus des fenêtres. Il ne restera que les panneaux arrières pour le lendemain.

Panneaux de bois au-dessus des fenêtres

Dimanche 19 décembre et lundi 20 décembre

Il ne restait pas moins de 234 planches de bois à couper, percer et installer sur les panneaux derrière le bâtiment. Même si la tâche semblait impossible lors du début de la journée, avec l’aide de quelques renforts, on a pu terminer ça le soir. Bouba et Yaya, deux maçons, sont venus nous prêter main forte pour l’installation des panneaux, ainsi que Matar, un jeune qui habite la maison à côté de nous. Avec toutes nos ressources sur ce travail, on a pu terminer vers 18h et on a commandé du fast-food local pour tout le monde! On en revenait pas de ce qu’on avait accompli.

Mur arrière avec les panneaux sur le dessus

Lundi, nous revenons à l’école pour faire un peu de ménage et terminer quelques petits trucs qu’il restait. Nous avons droit à une cérémonie de remerciements derrière chez Becaye, à l’arbre sacré du village qui est un énorme fromager. Après dîner, nous nous rendons à l’école pour prendre les photos d’équipe, faire nos adieux aux maçons et inaugurer le terrain de foot avec les buts que nous avons fait. Le soir, un dernier souper avec Becaye et sa famille avant de préparer nos bagages pour le lendemain.

Photo d’équipe avec nos chandails officiels

Mardi 22 décembre et la suite…

Nous nous levons tous de bonheur pour faire un dernier tour du village et faire nos adieux à ses habitants une dernière fois. Avant notre départ, un dernier tour à l’école pour prendre des photos avec le corps d’enseignants de Temdimane et des élèves et par la suite nous quittons sous les adieux de Becaye, sa femme, Ama, Secou, Ziko et le chef du village. Pierre-François ira passer une nuit à Kafountine, une petite ville sur le bord de la mer, pour ensuite rejoindre les autres qui prennent l’avion de Ziguinchor à Dakar et resteront dans un Airbnb pour surfer un peu. Nous passerons la dernière journée à Dakar avant de prendre notre vol de retour jeudi le 23 décembre à 23h15.

Toute l’équipe du PRÉCI avec toute l’équipe des maçons

Ces dernières semaines furent très difficile sur notre sommeil et notre humeur. On a travaillé très tard à tous les soirs, la fatigue et le stress nous on fait quelques fois avoir des disputes, mais je suis certain que toute l’équipe est fière de ce qu’elle a accompli, tous ensemble. J’aimerais m’excuser des délais de l’écriture des blogues ces dernières semaines également, des problèmes avec le site web ainsi que le stress de ne pas terminer l’école avant notre départ, le chantier était la priorité.

Au final, j’aimerais remercier mes coéquipiers pour tout leur travail acharné et leur dévouement au projet de Tendimane. Merci à Alexi pour son obstination à résoudre des problèmes et son rire contagieux, à Maël pour l’excellente gestion de projet et ses pas de danses douteux, à Marc pour sa motivation et planification quotidienne, et à Rom pour ses solutions originales face à des problèmes et ses blagues qui détendent l’atmosphère. Bravo les gars!

Wala cacounek!

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