EN DIRECT DU CHANTIER DE KUNTURO | Nous gardons la cadence, tout avance à la vitesse grand « V ». Si nous retournons au commencement de nos deux dernières semaines certains membres de l’équipe ont participé à un match de soccer affrontant le Canada et le Rwanda ! Notre « Team communication » a mis en ligne le premier blogue pendant ce temps. La partie s’est déroulée à Muramba, l’endroit où se trouve le centre de santé le plus proche de notre petit village. En équipe, nous avons pris la décision de marché pour comprendre réellement l’ampleur du problème. Il faut savoir que le trajet ne ressemble pas du tout à une marche, mais bien plus à une randonnée de 1h30-2h dans les montagnes. À un certain moment, nous devons même passer sur un pont fait seulement de troncs d’arbre déposer au-dessus d’une rivière. Ça nous rappelle la nécessité de notre projet.
Pour en revenir au match de soccer, Isaac, notre partenaire local, à trouver assez de membres pour combler l’équipe de notre pays et en former une autre représentant le Rwanda. Malheureusement, malgré les efforts soutenus du Canada, nous avons dû céder la victoire à l’équipe adverse avec un point d’écart. Ce n’est que partie remise ! Il faut savoir que le PRÉCI2018 est une équipe assez compétitive, pour ceux nous connaissant vous comprenez ce que nous voulons dire. Ici, nous tentons de garder un français soutenu, toutefois lors d’un hors-jeu non sifflé par l’abrite, le jouale québécois de Frede est revenue : » C’est sur tu m’niaise ! ». Considérant que l’abrite n’a pas vraiment compris ce qu’elle disait, ça créé un moment particulièrement drôle.
Suite au match, toute l’équipe s’est rendue à la maison d’Isaac, où ça femme Germaine nous a préparé un délicieux repas. Nous avons aussi souligné l’anniversaire d’une de ses filles. La soirée était très plaisante, nous avons eu la chance d’apprendre à mieux connaître notre partenaire locale et nos deux contremaîtres, Ignace (Rasta) et Aaron. Ces deux hommes sont dévoués au projet et possèdent une compétence hors pair. Ils sont vraiment une clé importante à la réussite du projet, tout en étant devenu nos amis ! Nous pouvons affirmer à ce stade si précaire du projet, que des liens forts se sont créés et continuerons de se créer avec notre entourage rwandais. Nous profitons aussi du moment pour féliciter Germaine qui a donné naissance à une petite fille, Ame, le 10 septembre dernier !
Parlons un peu chantier, nous avons fait la pose des moellons du bloc A et B. La pose de moellons comprend du mortier, le mélange se fait dans l’espace aménagé au malaxage du béton. Les aides-maçons y mettent un sac de ciment pour quatre brouettes des sables et ils y ajoutent l’eau à l’œil. Comme Félix dirait: « This Is Africa ! ». Parallèlement à la pose de moellons, plusieurs employés ont débuté le concassage pour le gravier nécessaire au béton. Nous avons vite vu que le standard rwandais en matière de dimensions de gravier, ne convenait pas à notre bâtiment. En discutant avec les contremaîtres, ils ont compris notre point et étaient tout à fait d’accord. La solution, un tamis ! Toutefois, se trouvant un peu reculer et nécessitant le tamis rapidement, nous avons dû le faire nous-même. Ici tout se fait avec une machette et des « jerrycans ». Un feu a donc été allumé, un quadrillage tracé sur une « demi-jerrycans » et la machette a été déposé dans la braise. Nous avons donc fait fondre la « jerrycans » avec l’acier chaud de la machette pour créer des carrés de 20mmx20mm. Depuis, tous les jours nous passons tout notre gravier dans ce fameux tamis, Kevin, Frédérica et Camille sont même devenus les experts du tamisage.
En tamisant, Kevin est tombé sur une roche particulièrement belle qu’il voulait garder en mémoire du travail effectué pour l’aménagement du projet. Elle brillait telle une pierre précieuse. Fier de sa trouvaille, il l’a montré à plusieurs membres de l’équipe et à Rasta. Rasta est un homme avec un grand humour. Il aime beaucoup surveiller le chantier du haut de l’amas de terre à proximité du bâtiment, un peu comme un roi au sommet de son royaume. À la blague, il se nomme justement roi et a confisqué la roche de Kevin disant que c’est son terrain et que nous devions payer pour chaque roche. Poussant la blague, Kevin a parlé de sa fameuse roche pendant des heures, voir des jours. Notre contremaître se trouvant très drôle ne lui a jamais remis sa roche et encore aujourd’hui Kevin ne sait pas où elle se trouve. Quoiqu’à un moment, Kevin a bien cru revoir sa fameuse roche. Toujours aussi blagueur, Rasta a commencé à lui chanter « Bonne Fête » et lui a remis en main une roche, une roche ordinaire grise comme nous pouvons trouver au Québec, vous comprendrez que toutes les personnes à proximité ont éclaté de rire voyant les faux espoirs dans le visage de Kev. Il a donc décidé de casser une autre roche, pratiquement identique à la première. Il est bien connu que l’Afrique abrite de belles pierres, il est donc très facile d’en trouver une autre. Pour finir avec cette histoire de roche, Kevin nargue encore Rasta sur le fait qu’il a réussi à prendre une roche de son précieux royaume, une histoire qui ne finira pas de sitôt !
Frédérica et Sauvy (Félix), se sont rendus à la maison un après-midi tranquille pour travailler sur les finances. L’électricité n’est pas ce qui est le plus constant et stable ici au Rwanda, d’où l’importance d’avoir des adaptateurs de qualité. Le téléphone cellulaire de Félix n’avait plus de pile, il décida donc de le brancher avec son adaptateur de type : 5$ dans un dépanneur. Au même moment une surtension est arrivée et il s’est électrifié. Heureusement, plus de peur que de mal, une électrocution avec du 230 volts n’est pas très grave, il reste que Félix n’ose plus utiliser son adaptateur et évite les prises de courant le plus possible.
Nous avons continué la semaine avec la dalle de propreté allant sur les moellons du A et B, ainsi que la pose de moellons du C et des demi-colonnes. Cette pose de demi-colonnes a été toute qu’une aventure. Nous ne comprenons toujours pas comment nous y sommes arrivés. Un petit manque de communication a fait en sorte qu’un mélange de béton a été préparé à quelques minutes de la fin du chantier, mais surtout à quelques minutes d’un déluge digne de la saison des pluies du Rwanda. Nous reviendrons plus tard sur la météo changeante du pays. Tout ça est en dit, que nous nous sommes retrouvés sous la pluie battante à 16h45 avec des demi-colonnes à poser. Nous avons commencé la coulée de six demi-colonnes avec du béton pour seulement cinq. Philip et Rasta ont donc dû reprendre tout le béton déjà posé dans le trou de la sixième demi-colonne pour finir la coulée de la cinquième. Entre-temps, Kevin et Camille ont couru à travers le chantier pour ramasser toutes les poches de ciments vides pour les couper et les mettre par-dessus le mortier fraîchement déposé sur les moellons. En une vingtaine de minutes, la situation était réglée ! Optimisation : dorénavant nous évitons les coulées en fin de journée.
Les journées ici se terminent souvent en pluie. C’est incroyable, car le matin, au réveil, c’est plutôt frisquet, il doit faire entre 12 et 15 degrés Celsius. Au dîner, il y a un soleil brûlant, il ne faut pas oublier que nous sommes à 2400 mètres d’altitude sur l’équateur. La crème solaire 50 n’est pas assez pour la blancheur de Philip et Camille ! La pluie se fera sentir de plus belles considérant que la saison des pluies débute officiellement aujourd’hui. La vue est splendide, nous sommes souvent au-dessus des nuages ce qui nous permet de voir de temps à autre, les volcans au loin. Ça nous permet aussi de voir, quand le vent se lève, les nuages gris avancer à tout à allure vers la colline du chantier. Généralement entre 15 et 17h la pluie arrive et ça malgré les prières répétées de nos contremaîtres. Encore du haut de l’amas de terre, Rasta et Aaron disent toujours qu’ils vont prier pour chasser la pluie, généralement ça fonctionne jusqu’à la fin du chantier. C’est dommage, parce qu’à l’instant où nous écrivons le blogue, le fameux amas de terre est remanié et étendu près du bâtiment pour le remblai. Plus de royaume pour notre cher Rasta. Ah oui ! Nous vous laissons sur cette photo de notre première grosse pluie sur le chantier. Ça eut lieu après la coulée de la dalle de propreté au-dessus de moellons du bloc A et B, nous avons utilisé la tôle du futur toit pour protéger le tout. Pour cette fois, l’utilisation de la tôle a bien fonctionné.
Parmi une des journées terminées sous la pluie, une a été particulièrement intense. Venant tous juste de poser des moellons pour les latrines et travailler sur la finition des fondations du bloc A et B, un nuage gris se dirigea rapidement sur nous. À l’habitude, nous avons tenté de protéger tant bien que mal le mortier et Félix accompagné de quelques employés du chantier ont transporté les tôles par-dessus le trou des futures latrines. Toutefois, en quelques secondes la tempête à commencer et les tôles se sont envolés tout droit dans le fond du trou en passant par l’oreille de Félix. Ne vous en faites pas, il n’aura pas même de cicatrice à sa grande déception ! Il aurait aimé avoir une marque de guerre, par contre la tôle à seulement faite une petite éraflure sur son oreille et une de ses mains. Plus de peur que de mal, moral de l’histoire ; ne pas protéger le chantier avec la tôle du toit.
Pour ceux ayant oublié notre marathon de mai, je vous rappelle que Philip et Félix sont les coureurs assidus de 2018. Régulièrement, ils font un petit jogging sur les collines. Lors de leur fameux jogging, plusieurs enfants, en uniforme scolaire, les suivent ou plutôt les dépassent et ont un malin plaisir à courir à leurs côtés. Un soir où la pluie était évidente, les deux coureurs se sont dit qu’ils avaient le temps pour une petite course avant que le déluge arrive. Vous voyez certainement où nous allons en venir, le vent a pris de l’ampleur et les nuages sont arrivés plus vite que prévus. Phil et Sauvy ont donc eu droit à un jogging sous l’une des pires pluies que nous avons vues jusqu’ici ! C’est un mal pour un bien, car ils ont pu se laver sans même aller dans la douche.
Avant même la fin de notre deuxième semaine, nous avons commencé la pose des longrines du bloc A et B. Autour des longrines, nous avons 20 mm d’enrobage. Pour le respecter, nous avons dû installer plusieurs roches sous les armatures et des bouts de bois entre le coffrage et les étriers. Le coffrage n’est pas la partie la plus simple, n’ayant pas de planches droites et de même dimensions, les coffrages doivent être inspectés et bouchés à de nombreux endroits. Ils sont bouchés par tout ce qui est possible de trouver, des poches de ciments, des bouts de bois, des emballages de biscuits ou des factures, pourquoi pas ? L’important c’est qu’il n’y ait pas de fuite, la façon d’y arriver laisse place à l’imagination.
L’installation s’est terminée en début de troisième semaine permettant la coulée de béton au jour 10 du chantier ! L’excitation était à son comble. Le béton était acheminé via une chaîne humaine de tous nos aides maçons et les chants rwandais se faisaient entendre de partout. C’est un des moments préférés de l’équipe jusqu’à présent. Nous avons terminé la journée avant la pluie en plus, une journée et une coulée réussite !
Nos employés sont vraiment travaillants. Ils ont tous une très belle chimie comme nous l’avons mentionné plus haut. Innocent et Cyprien sont deux de nos employés d’une efficacité incroyable et ils se font surnommés les « bœufs de Noël ». D’un contexte local, ça vient du fait qu’ils sont aussi forts que des bœufs et, cet animal étant fort utile à son maitre, sa mise à mort ne devrait être préparée que pour une occasion très spéciale tel un repas du temps des fêtes. Pour référer à un contexte plus humain, nous pouvons faire allusion à la fin de l’emploi des deux hommes.
Suite à la première coulée de béton, nous nous sommes attaqués à la préparation du bloc C. Encore plus de graviers, plus d’armatures et plus de coffrages. Pour ce qui est du gravier, depuis le début nous tamisons dans une brouette que nous vidons près de la zone de malaxage, une étape plutôt inutile. Cette semaine nous avons donc commencé à tamiser directement par-dessus le tas de graviers. Tamisant près de notre corps, lorsque nous étions au-dessus la brouette tout tombait dans cette dernière, mais sans brouette, tout tombe directement dans les souliers du tamiseur. Avez-vous déjà joué une partie de « Beach volley » avec des souliers ou simplement été à la plage en soulier? Eh bien, il devait y avoir autant de sable si ce n’est pas plus dans ceux de celui qui tenait le tamis.
Lors de la dernière fin de semaine, en plus de pannes de courants récurrentes, la seule ampoule du salon/cuisine à brûler. Nos deux hommes de la situation, Gafotozi (Marc-André) et Philip ont réglé le problème. Dans un noir absolu, car c’est arrivé en soirée, à défaut d’avoir une échelle ou simplement une chaise assez haute, Phil a pris Chico sur ses épaules pour retirer l’ampoule du corridor et la ramener au salon/cuisine. Nos plafonds sont très hauts et il est impossible d’y arriver autrement. Vous pouvez imaginer la scène, ce fût un moment cocasse. Il faut ajouter, que le changement d’ampoule ne serait pas fait si rapidement, s’il n’était pas question d’annuler la partie de « poker » tant attendu des quatre meilleurs garçons du PRÉCI2018.
Notre dernière aventure de la semaine est la fabrication d’étagère. À notre arrivée, il n’y avait aucun rangement dans la maison. Nous avons donc décidé de commander des planches en se disant; six futurs ingénieurs ça va fabriquer des étagères ! Eh bien, comme on dit l’important de c’est de participer. Sérieusement, Camille et Chico ne sont pas le duo le plus fort dans l’art d’organiser une chambre sans rangement, partageant celle-ci, elle était très peu épurée. Dès l’arrivée des planches au chantier, ils ont donc décidé de se lancer dans la production. En un avant-midi Camille avait coupé toutes ses planches à la sueur de son front. Bon, n’ayant pas de papier sablé et de planche droite, ce n’était pas si compliqué, il fallait seulement passer le rabot et scier en deux cinq planches. Le dîner suivant, elle assembla le tout avec Chico. Moral de l’histoire, avec du carton sous les pattes et seulement deux étagères à niveau voici le rangement de Camille.
Pour ce qui est de celle à Gafotozi, il voulait qu’elle soit de meilleure qualité. Il a donc pris son temps soit deux jours pour la fabrication. Pour le moment, elle n’est pas fonctionnelle car il a trop coupé ses étagères. À suivre espérant que d’ici le prochain blogue elle sera terminée.
Nous finissons sur le surnom de la semaine. Nous avons tous reçu un surnom de la part d’Isaac, Rasta et Aaron. À chaque blogue nous en dévoilerons un nouveau, cette semaine c’est; Kibonke ! L’homme fort ou le géant, nom qui a été donné à Félix pour la force qu’il met au travail. En plus de sa force, sa carrure concorde parfaitement avec son nouveau nom.
Voici nos photos de la semaine :