10 octobre au 22 octobre
Avancement des travaux
Au début de la semaine, nous avons poursuivi la coulée des colonnes jusqu’à obtenir 1 m de béton partout. Une fois cette étape franchie, nous avons repris la pose de brique afin d’atteindre la hauteur de la première ceinture. Cependant, une fois les travaux entamés nous avons constaté que la quantité de brique commandée n’était vraiment pas suffisante pour mener notre projet à terme. Étant l’une de nos plus grosses dépenses, l’équipe a dû évaluer la situation pour trouver des solutions à cette impasse.
Solution 1: Modifier le toit du bâtiment afin de le rendre sur un seul niveau. L’avantage serait que nous aurions besoin de beaucoup moins de briques mais nous trouvions que le collège perdait son cachet architectural.
Solution 2: Garder la même architecture que les plans originaux du bâtiment, mais débourser davantage pour considérablement augmenter la quantité de brique.
Après une rigoureuse analyse de notre budget, nous avons donc pris la décision de poursuivre avec la solution 2 et de commander 5000 briques supplémentaires. Alimou et Amadou (William et Ludovic) ont donc prit la route vers Labé, mais une surprise les attendait. Arrivé sur le lieu de production des briques, on nous apprend que la machine qui confectionne nos briques se fait transporter dans les prochains jours à Mamou, une ville située à 170 km de Pilimini. Le transport n’étant pas une option envisageable, puisque l’état des routes aurait fait en sorte qu’un faible pourcentage de briques serait arrivé en bon état, il était impératif de trouver une solution. Après une longue discussion avec le responsable de la production, il a accepté de délayer le transport de la machine de 3 jours. La machine pouvant produire jusqu’à 2000 briques par jour, nous étions dans les délais pour produire le reste de nos briques.
Un cadeau inattendu
Pendant ce temps, Karyna, Eugénie, Alice et Nicholas sont restés à Pilimini. Ils en ont profité pour effectuer une visite de courtoisie à Tidja un membre de Pilimini qui nous rend souvent visite au chantier. On ne savait pas où il habitait alors l’escorte d’un membre du village a été nécessaire. Ils ont marchés vers un petit village nommé Haku à 2 km pour y découvrir une grande ferme. Tidja n’était pas là, mais ils ont rencontré son neveu. Celui-ci les a fait visiter sa ferme en leur montrant ses veaux et ses belles vaches venues de Guinée-Bisseau. Il leur a aussi fait visiter ses champs de riz et sa plantation d’arbres fruitiers (oranges, avocats et mangues). Ils sont ensuite retournés dans le petit village pour prendre le déjeuner. Pendant notre absence, la famille du village en a profité pour préparer le Latchiri au lait caillé (couscous de maïs au lait caillé).
La famille leur a aussi offert une poule, un coq et un bouc castré. C’était très généreux de leur part. Jusqu’à maintenant notre bouc est gardé par Abdoulaye, notre vigile, car nous n’avons pas d’abris et il bêlait trop la nuit.
Mission réparation
Le lendemain, Alimou et Amadou sont revenus de Labé. Nous avons donc poursuivi les travaux sur le chantier. Heureusement, nous avons eu assez de briques pour compléter le premier 2,20 m de mur. Cependant, les briques que nous utilisions étaient assez amochées, à cause de la pluie et du transport. Nous avons donc testés une méthode de réparation, en mélangeant de la poudre de briques émiettées et du ciment afin de créer un semblant de crépis ayant une couleur rouge brique. Le test fut concluant! L’équipe de PRÉCI et quelques employés du chantier ont donc enfilés leurs habits de moines afin d’entamer la fastidieuse tâche qui nous attendait. Nous estimons que 80% des briques auront besoin de retouches…
Bravo Adama…
Le 14 octobre, c’était une journée très spéciale: le deuxième anniversaire de l’équipe fêtée en Guinée, celui de Aisatou! En cachette, Amadou à appeler la veille le boulanger du village afin de faire préparer un gâteau. Le plan initial était d’en faire comissionner un de Labé, mais nous doutions fortement de l’état du gâteau à son arrivée ici à Pilimini. Les membres de l’équipe ont sacrifié leur réserve personnelle de bueno, barres favorites d’Alice, afin de décorer le gâteau. Tout était parfait, jusqu’à ce que Adama divulgâche la surprise, en essayant de trouver une raison au retard du boulanger pour le pain du matin. Bravo Adama. La soirée fut tout de même très agréable et Alice n’y a vu que du feu! Bonne fête encore Alice!
Atelier de saponification
Pendant la semaine, l’équipe a eu la chance d’assister a un atelier de saponification, c’est-à-dire le procédé de fabrication du savon. Lors de cette activité, nous avons appris l’histoire du savon, ses principaux composants ainsi que toutes les variétés qu’il est possible de réaliser. Nous avons appris, par exemple, que le procédé de confection du savon avait été découvert près de 2000 ans avant J.C. et qu’il est principalement composé d’hydroxyde de sodium, d’eau et d’un corps gras comme du beurre de karité. Il a également été question de sécurité lors de cette formation, car au moment du mélange des deux éléments mentionnés plus haut, des vapeurs toxiques émanent de la préparation. Pour se protéger, les personnes présente à la formation se sont équipées de lunettes, de gants et de masques. Aussi, dans les heures suivants la réalisation du mélange, celui-ci reste irritant et donc il est important de bien se protéger afin de ne laisser aucune peau à découvert.
N’ayant pas d’entreprise qui produit du savon dans la région de Pilimini centre, cet atelier a été mis en place afin de permettre à cette coopérative de femmes d’apprendre à bâtir une entreprise et les étapes pour y arriver. Avec cette formation, les femmes ont eu l’opportunité d’ajouter une corde à leur arc, ce qui leur permettra d’augmenter leurs revenus ainsi que leur autonomie. Nous avons d’ailleurs appris qu’ici, lorsqu’une femme mariée gagne de l’argent, tout son gagne pain reste à elle puisque c’est le devoir des hommes de fournir l’argent pour la nourriture et les autres besoins de la famille. Elles sont donc libres d’utiliser leur propre argent comme elles le désirent, ce qui leur créer une certaine indépendance.
Un retour en classe
Avec la rentrée scolaire manquée pour les membres de l’équipe, plusieurs avaient hâte de reprendre les cours. Cette soif de savoir a pu être étanchée, car le vendredi, nous avons été invités par une professeure du collège à assister à un des cours qu’elle donne. La séance en question était sur la biologie, matière qui n’avait pas été vue depuis le secondaire par plusieurs membres de l’équipe. Le cours a été très captivant et même que certains membres de l’équipe ont réussis à répondre aux questions de la professeure. Ce fut fort intéressant de voir la dynamique d’une typique classe guinéenne. L’accueil des élèves a été très chaleureux et dès notre entrée dans le local, nous nous sommes sentis à notre place. Il nous a aussi fait chaud au cœur de voir comment les jeunes s’intéressaient à leur cours et de les imaginer dans leurs nouveaux locaux que nous construisons juste à côté, nous a donné encore plus de motivation de mener le projet à bien. Nous retournerons assurément assister à un autre cours bientôt!
Pas sans embûches
Au début de la semaine suivante, nous avons coulés le reste des colonnes du bâtiment ainsi que les cadrages des fenêtres et des portes pour enfin arriver à l’étape de la première ceinture. Ce ne fut pas sans embûche, puisque nous avons dû faire toutes les erreurs possibles. Un coffrage qui s’ouvre par en bas, un coffrage qui s’ouvre en haut, un coffrage qui s’ouvre à droite, un coffrage qui s’ouvre à gauche, bref on peut vous garantir que le dernier coffrage que nous avons fait était rendu plus sécurisé que Le Monstre à La Ronde! Quoique…
En parallèle, nous avons coulé les huit colonnes de la terrasse afin de respecter notre échéancier. Nous sommes très satisfaits du résultat et les colonnes peuvent maintenant entamer leurs cures de 7 jours sans nous retarder.
Pendant ce temps, le maître ferrailleur ainsi que quelques membres de l’équipe commençaient la préparation des armatures pour la première ceinture et les poutres de la terrasse.
Après la journée de chantier du mercredi, Aissatou, Adama, Halimatou et Karimata se sont rendus chez notre domestique et voisin, Yero, afin d’y moudre des grains de poivre. Sa mère les a aidé à utiliser le mortier et le pilon sous le regard amusé des enfants.
Conception d’un support à l’ancienne
Faute de manque de magasin et de commande en ligne, nous devons parfois faire preuve de débrouillardise. Dans notre artillerie de photographie, il nous manquait une longue tige afin de pouvoir filmer en hauteur et en 360 sans avoir de distorsion dans l’image. Alimou décida de remédier à la situation en débutant la confection d’un support de la sorte avec la retaille d’une barre de fer 12 utilisée pour l’armature des colonnes. Après avoir réalisé le maximum possible avec les outils à sa disposition, il rencontra des difficultés au moment de percé le trou pour la vis de la caméra. Heureusement pour nous, nous comptons un forgeron de profession parmi nos employés. Celui-ci nous a proposé de compléter notre support avec les outils dont il disposait à la maison.
L’équipe a donc pu assister le soir même à la prestation d’un maitre forgeron traditionnel. Il nous a également expliqué que sa forge appartenait à sa famille depuis plusieurs générations et que c’était à cet endroit même que son grand-père et son père extrayait le fer des roches trouvés à proximité. Il nous a même mentionné que nous pourrions reproduire le procédé avec lui afin de voir comment il réussissait à extraire l’une des plus grandes richesses du pays, mais ce sera pour une aventure future!
Squelette de béton
Pour conclure l’avancement de nos deux semaines de travaux, nous avons réalisés la moitié de la coulée de la première ceinture. Ayant appris de nos erreurs lors de la coulée des colonnes, nous avons réussis à faire un sans-faute jusqu’à maintenant, sauf pour la chaudière de béton qu’un de nos employés s’est auto-renversé dessus en voulant la passer à celui se trouvant sur les échafauds. L’expression préférée du chantier « miam miam béton » à pris tout son sens! Ne vous inquiétez pas, il portait des lunettes de sécurité et un casque et il va très bien! Vous devrez attendre à la semaine prochaine pour voir le résultat final!
À la mi-chemin
Samedi dernier fut une étape importante, car cette journée marquait le deuxième mois de l’équipe sur le sol guinéen. L’équipe a démarré cette journée assez tôt vers 5h00 du matin, mais c’était pour une bonne raison. Après une montée de 45 minutes, nous sommes arrivés juste à temps au-dessus d’une des montagnes entourant Pilimini pour voir le lever du soleil.
Le moment fut parfait pour commencer la journée. Après une demi-journée de chantier ainsi que le marché hebdomadaire du village nous avons pu célébrer l’occasion avec un souper de Kraft Diner ainsi qu’une fondue au chocolat Chocolat Favoris, denrées précieusement conservées pour l’occasion. Cependant, nous avions manqué de propane plus tôt dans la semaine, donc nous avons dû nous improviser un montage avec une tôle et trois morceaux de ciment afin de cuisiner notre repas sur un feu. Ce moment fut fort agréable avec la chaleur de la braise pour combattre la fraicheur de la nuit tombée. Un petit sentiment familier avec les feux de camp du Québec a été ressenti par les membres de l’équipe. Avec cette étape de franchie, nous avons réalisé comment le temps passe vite et que le chantier avance àpleine vitesse. Il nous reste amplement de pain sur la planche, mais nous sommes tout autant motivés qu’à notre arrivée si ce n’est pas plus!
Découverte de la semaine : le marigot
Étant donné que la saison des pluies tire à sa fin, les journées sont de plus en plus ensoleillées et par conséquent de plus en plus chaudes. L’équipe était à la recherche d’un moyen pour se rafraichir un peu. Le marigot a été la trouvaille parfaite. Cette petite rivière située à 2 km de la maison est l’endroit idéal pour relaxer tout en profitant d’une petite baignade. C’est la première fois que nous avons eu la chance de nous baigner depuis notre arrivée en Afrique. L’équipe réalise des pique-niques le vendredi sur notre temps de dîner depuis deux semaines déjà, mais nous croyons bien que cette tradition va faire partie de notre routine jusqu’à notre départ!