
Retour à la capitale
La 9ᵉ semaine a commencé avec un court avant-midi de travail. Tout le monde s’est mis de la partie pour couler les dernières colonnes, soit celles des latrines et du château d’eau. Après le travail accompli, on a pris la route pour une petite escapade à Vientiane. Nous devions aller renouveler nos visas à la capitale et on en a donc profité tous·tes ensemble pour prendre une vraie pause et jumeler cette tâche avec notre journée de congé.
Après un long cinq heures de route, nous voilà enfin arrivé·es à notre hôtel. Ça faisait presque deux mois, pour la plupart d’entre nous, que nous n’avions pas mis les pieds à la capitale. Revoir la ville, les magasins et les cafés nous a fait un drôle d’effet. En arrivant à notre hôtel, le même que lors de notre toute première nuit au Laos, on a tout de suite repensé à nos débuts et à notre arrivée, épuisé·es mais plein·es d’enthousiasme à l’idée de découvrir tout du pays. Cette fois, on était à la fois surpris·es et fier·es du chemin parcouru, déjà rendu·es à la moitié du projet, avec le sentiment d’avoir tellement appris depuis ce premier jour.
Et puis, cette fois, le choc n’était pas celui du dépaysement… mais bien celui du luxe. Un lit moelleux, une douche avec de l’eau chaude, de la climatisation… même une toilette à l’occidentale ! Des choses toutes simples, qu’on ne remarque plus vraiment au Québec, mais qu’ici, après deux mois à Don Phoung, semblaient presque irréelles.
Le lendemain, pendant que Lucas et Julien se sont gentiment sacrifiés pour gérer les histoires de visas, le reste du groupe en a profité pour explorer un peu la capitale. Finalement, à cause de quelques contretemps administratifs, on a dû rester une nuit de plus. Franchement, personne ne s’en est plaint. Deux jours à dormir dans des draps propres et à savourer un vrai café, ça ne se refuse pas. Mais une fois nos visas enfin réglés, on a commencé à avoir hâte de repartir. C’était bien, deux jours dans le confort, mais il manquait quand même un petit quelque chose. On s’ennuyait de notre chantier, de nos journées bien remplies, des travailleurs et des villageois·es. Alors, même si le retour voulait dire au revoir à l’air climatisé et aux lits confortables, on était vraiment content·es de retrouver notre chez-nous, à Don Phoung, loin du rythme de la ville.
De retour au village
Le lendemain de notre retour au village, la journée a été bien chargée. Le village est venu nous aider à décharger un gros camion rempli de matériaux pour la toiture et les finitions. On en a profité pour filmer quelques villageois·es et leur poser des questions. Justine a tenté sa chance avec notre contremaître, Saisana, mais disons que la caméra et lui, ce n’est pas encore une histoire d’amour. On garde espoir qu’un jour, il accepte de faire ses débuts à l’écran ! Comme toujours, la bonne ambiance était présente. Il y avait des fous rires un peu partout, la musique résonnait toujours aussi fort et les villageois·es essayaient de communiquer avec nous et nous répondions invariablement par des « Sabaidee », bonjour en laotien.


Non, si vous vous demandiez, nous ne sommes toujours pas fluides en lao. Nous connaissons maintenant quelques mots de base, surtout liés à la construction et aux chiffres, mais la prononciation de certaines phrases simples comme « Comment tu t’appelles ? » ou « Nous sommes ravi·es de vous rencontrer » n’est pas encore maîtrisée par tout le monde. Bref, c’est toujours bien drôle et on est quand même vraiment content·es de pouvoir communiquer, que ce soit avec des gestes, des blagues… ou Google Traduction.
De la visite !
Vendredi, le chantier a été bien animé avec la visite de plusieurs personnes, ce qui en a fait une journée bien remplie. Nous avons d’abord accueilli les dirigeants du district de Xanakham, venus constater l’avancement des travaux et nous remercier d’avoir choisi leur district pour le projet. Nous leur avons présenté les principales modifications apportées à l’école, dont le changement des briques extérieures, passant de 6 cm à des briques de 12 cm. Ils semblaient très satisfaits du résultat et enthousiastes de voir le projet prendre forme. Peu après, nous avons accueilli trois étudiants laotiens en soudure et deux de leurs professeurs, venant de l’École technique laotienne-allemande de Vientiane. Lucas les avait rencontrés lors de notre visite à la capitale et avait été impressionné par leurs réalisations. Nous avons donc décidé d’engager des soudeurs qualifiés pour souder 9 des 11 fermes de toit, à la base faites en béton. C’est une des plus grosses modifications que nous avons apportées aux plans de l’école, donc nous voulions absolument avoir des travailleurs d’expérience pour réaliser cette grande étape.


Ensuite, la visite que nous attendions avec impatience était celle de Willy et Diane, deux Canadien·nes retraité·es de Winnipeg, venu·es offrir leur aide bénévole sur le chantier pendant quelques jours. Leur arrivée nous a vraiment réjoui·es. C’était assez drôle de voir deux autres Canadien·nes découvrir le pays avec le même choc culturel que nous avions ressenti à notre arrivée. Puis, c’était agréable de pouvoir discuter de leurs expériences de voyage, tout en pratiquant notre anglais, et disons que Julien était très heureux d’avoir enfin trouvé quelqu’un avec qui parler de hockey.
Chantier et célébration
Le lendemain, après s’être bien installé·es, Willy et Diane ont commencé à nous aider à assembler l’armature des poutres principales de la toiture, pendant que les travailleurs s’occupaient de l’installation des étais et des coffrages. La soirée s’est conclue avec un grand souper : les travailleurs, les soudeurs, Willy, Diane et nous à la même table.

Samedi, nous avons terminé les armatures pour toutes les poutres. Nous avons aussi passé notre soirée à regarder la rediffusion de la compétition de Force Avenir. Nous étions tellement excité·es de voir l’équipe du PRÉCI 2024 gagner le prix Entraide, Paix et Justice pour leur construction d’une maternité au Rwanda. Marie-Ève, Lorine, Gabin, Yassine, Olivier et Cédric, nous sommes très fier·es de vous ! Merci pour tout le support que vous nous avez apporté au cours de la dernière année et jusqu’à ce jour.

De futur ingénieur à professeur
Nos ami·es du Manitoba ont dû reprendre la route dès le lendemain matin, mais on aurait bien voulu les garder un peu plus longtemps ! En après-midi, le directeur de l’école nous a invité·es à visiter l’école primaire actuelle de Don Phoung. Présentement, les classes se tiennent dans le centre communautaire du village, en attendant la fin de la construction de la nouvelle école. On a eu la chance de rencontrer les enfants, dont plusieurs visages familiers, âgés de 6 à 11 ans. Julien a sorti ses talents d’enseignant en essayant d’apprendre l’anglais aux enfants. On pensait qu’il faisait un bon travail jusqu’à ce que les jeunes se mettent aussi à répéter les mots en laotien et en français de nos conversations. On a vite compris que les élèves étaient bon·nes pour nous imiter. Ensuite, c’était à notre tour d’assister à un cours, mais cette fois en lao!
Le centre communautaire, tout comme l’ancienne école aujourd’hui démolie, compte seulement trois classes pour cinq niveaux différents. Les enseignantes doivent donc donner plusieurs cours en même temps dans la même salle, ce qui rend l’apprentissage très difficile, autant pour les élèves que pour elles. Cette visite nous a une fois de plus rappelé les raisons pour lesquelles nous réalisons ce projet. Elle nous a redonné à tous·tes l’énergie et la motivation nécessaires pour livrer aux enfants une école sécuritaire, durable et adaptée à leurs besoins.


Du sirop d’érable à la sauce piquante
Lundi, les fermes de toit ont enfin été terminées. C’était donc le moment de dire au revoir aux soudeurs. Nous étions très heureux·ses du travail qu’ils avaient accompli.
Mardi matin, cette fois, c’est la fête du village qui nous attendait ! Tout le monde s’était réuni au centre communautaire. Chacun devait apporter une offrande, alors Jeanne a choisi d’apporter une petite bouteille de sirop d’érable du Québec. Le chef du village l’a ouverte, l’a sentie… puis s’en est appliquée dans les cheveux, convaincu que c’était une sorte d’huile parfumée. On a eu du mal à garder notre sérieux avant de lui expliquer que ça se mangeait ! Après quelques explications (et beaucoup de rires), tout le monde y a goûté. Verdict : approuvé à l’unanimité. Le sirop d’érable a officiellement conquis Don Phoung!
La journée s’est poursuivie avec les traditions locales : une danse en ligne typiquement laotienne, des mets épicés, des feux d’artifice et, bien sûr, la dégustation de leur boisson locale. Bref, une vraie fête de village… version Don Phoung ! Après tous ces événements, il n’était que 10 h du matin. À notre retour au chantier, nous avons donc eu le temps de couler toutes les poutres principales de l’école, un beau progrès de la construction, qui a bien conclu cette journée animée.




Une soirée soudée comme nos fermes de toits
Le soir, nous avons été invité·es à souper avec les dirigeants du village, le directeur et les enseignantes de l’école primaire. On nous avait préparé un plat traditionnel, le khao lam, du riz gluant cuit dans du bambou, accompagné d’un dessert gélatineux à la noix de coco, typiquement laotien. Le repas était excellent, surtout pour l’alter ego de Lucas : le méchant Lucas, qui a fait son grand retour. Impossible de lui faire poser sa cuillère ou d’espérer une bouchée. Jeanne a bien essayé d’en prendre un peu… mais le « méchant Lucas » ne partage pas quand c’est trop bon.


Les derniers jours ont été plutôt routiniers, entre l’installation de la toiture et l’avancement des travaux des latrines et de l’abri pour le puits. En installant les charpentes de toit, on a eu l’impression de franchir un grand moment du projet. Lucas était particulièrement heureux de voir les charpentes se monter ; ses yeux brillaient en regardant le tout prendre forme. Nous avons aussi terminé les murs des toilettes et du château d’eau. Entre deux journées de travail, on continue de jouer au soccer avec les enfants du village. Le temps passe beaucoup trop vite ici… on sent déjà la fin approcher maintenant que les charpentes sont en place!




