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Voici une première étape de franchie : la mise en place des fondations. Nous avons donc fini de creuser, de poser les moellons, de couler les semelles et les poutres de fondation armées (longrines) qui se situent au-dessus de la couche de moellons. Pendant plusieurs jours, on a enfilé nos gants de maçon pour faire les joints entre les moellons, sorti nos muscles pour porter les multiples chaudières de béton, utilisé la dextérité de nos doigts pour monter les cages d’armature et tout cela avec un enchaînement et une répartition des tâches presque exemplaire! On a donc maintenant une fondation solide, reposant sur un sol dur comme de la roche, qui est prête à accueillir le futur bâtiment de 240 m². On est donc confiant sur la solidité de ce dernier.
Et maintenant que les fondations sont terminées, quelle est la suite ? Le mur de briques ! On est bien content de faire une petite pause avec le béton au profit du montage du mur de briques. Nouvelle tâche pour nous, une fois que les premières briques sont installées et nivelées aux quatre coins, ça avance vite. Armés de notre truelle dans une main, coupe de mortier de terre dans l’autre, nous sommes prêts à monter ces fameux murs.
Pendant notre projet, nous faisons face à de nombreux défis tous intéressants les uns autant que les autres. Et bien oui, un projet sans défis, ce ne serait pas drôle. Celui que l’on va vous présenter aujourd’hui est le suivant : l’apport des matériaux et des ressources. En effet, pour vous le rappeler, nous sommes dans un village très reculé. On ne peut pas simplement se rendre dans le magasin de matériaux du coin et en choisir des standards, en nombre illimité et à n’importe quel moment. Ici, les camions se font rares, les charrettes de zébus sont de faible capacité et pas toujours disponibles. D’ailleurs pour la petite histoire, les bœufs ici ne travaillent pas les jeudis. C’est leur journée de congé pour reprendre leur plein d’énergie. Leur syndicat est bien clair sur cette règle à ne surtout pas transgresser! De plus, les matériaux ne sont pas toujours dans des dimensions ou qualités auxquelles on s’attend. Par exemple, comme les moellons ne sont pas très gros ni de forme conventionnelle, on s’ajuste en mettant deux épaisseurs de moellons avec plus de béton pour combler les vides et on s’improvise tailleur de pierre pour niveler l’ensemble. Par ailleurs, un autre ingrédient indispensable à notre recette du béton ne pointe pas beaucoup le bout de son nez. Elle s’appelle Eau. Pour la voir, il suffit de pomper à l’aide d’une pompe manuelle du puits creusé à plus de 30 m de profondeur. On a vite compris en arrivant au village qu’il fallait faire attention à notre consommation. Ce que l’on fait avec des petites douches et diverses récupérations. Mais le béton, lui, petit gourmand, n’en a pas encore pris conscience. Alors tous les jours, on fait notre petit entraînement et on s’arme de patience et de volonté pour pomper. Toutes les techniques sont bonnes : pomper à un, deux, trois, assis, debout, on travaille le dos, les triceps, les pectoraux à un rythme presque musical, une, deux, une, deux.. C’est un vrai jeu d’enfants. D’ailleurs même ces derniers nous offrent leur aide! Il est arrivé plusieurs fois que la coulée soit interrompue en raison du manque de cette ressource, mais pas de stress, « mora mora », on finit toujours par s’en sortir.
Parlons maintenant du nouvel élan positif qu’a notre projet sur l’économie locale! Nous avons toujours besoin de journaliers pour casser des gravillons pour le béton. Les locaux sont contents de travailler à la tâche et le message ne tarde pas à se passer dans le village. Plus les jours passent et plus les gens sont nombreux à se présenter au poste nous obligeant à limiter le nombre de participants. Après les avoir engagés à la journée, nous avons opté pour le travail à forfait. Nous avons été surpris par l’augmentation drastique des travailleurs qui a plus que doublé lors de ce changement! On parle donc d’une soixantaine de personnes qui s’exécutaient assidûment à la tâche. D’autant plus qu’ils sont bien organisés en se regroupant par équipe. Payés à la productivité, ils sont motivés comme jamais et cela devient une compétition joyeuse entre eux. Avec nos ouvriers et nous, on se retrouve à environ 80 sur le chantier. Impressionnant pour un chantier qui est loin de celui du CHUM! Par ailleurs, pour rappel, tous nos matériaux (pierre, sable, bois et brique) sont achetés localement sans compter nos matières premières pour survivre. Et oui, ça mange quand même pas mal ces petits précieux là ! Alors, maraîchers, épiciers, sont bien contents quand ils nous voient arrivés.
Pour finir sur une note festive, nous souhaitons un très bel anniversaire à notre aîné du groupe. Bonne fête Tatapas !! Il pourra être fier le jour où il racontera à ses petits-enfants de la fois où il a fêté ses 26 ans sur un chantier à Madagascar. Pour l’occasion, de belles danses au rythme malgache avec nos ouvriers. L’occasion aussi de se détendre et de connaître sous un autre angle les personnes que l’on côtoie tous les jours. Les enfants, fidèles petits curieux, étaient également de la partie. Tatapas, un an de plus au compteur, mais de plus en plus d’énergie et de sagesse. On te souhaite toutes les meilleures choses du monde!
À bientôt pour la suite des événements!
L’info malgache du jour
Outre travailler sur le chantier la semaine, nous sommes contents de notre journée de repos du dimanche où nous en profitons pour faire une belle activité d’équipe : la cuisine. Au menu, des plats préparés avec amour, délicieusement épicés avec goût, mijotés avec patience à la cuisson au charbon, et enfin, dégustés avec joie en équipe et toujours avec notre partenaire, les sœurs MIC. Nous les remercions d’ailleurs pour tout ce qu’elles font pour nous. Ce sont elles qui nous préparent les repas tous les jours et nous savons combien de temps cela peut prendre pour faire à manger à cette grande table. Merci beaucoup! En parallèle, nous sommes contents aussi de participer à d’autres tâches comme la confection de café, de beurre d’arachide et de poivre. Cela aussi demande beaucoup de patience, mais tellement de satisfaction à la dégustation de nos produits locaux, faits maison et vraiment bons !
L’Info anodine du jour
Grande nouvelle! Nous avons officiellement inauguré le premier réfrigérateur d’Ambatofotsy! Une fois le centre médical construit, il servira à conserver certains médicaments et vaccins. En attendant, nous profitons de quelques produits frais dans notre maison. Petit conseil : ne pas se mettre à dos le soleil, car c’est lui qui fait fonctionner notre cher ami le frigo via le panneau solaire.